"Nous avons décrit au juge les violations des droits de l'Homme dont nous avons été victimes pendant des années dans les camps de Tindouf". C’est ce qu’a déclaré à la presse Dahi Aguai, l’une des deux victimes à avoir témoigné, ce lundi matin, devant l’Audience nationale en Espagne dans le cadre du procès incriminant les dirigeants du Polisario pour "génocide, torture, disparitions forcées, détention illégale et violations graves des droits de l'Homme".
Lors de son témoignage, Dahi Aguai, actuel président de l'Association des portés disparus au Polisario, a montré à la Cour les traces des tortures qui lui ont été infligées et qu’il porte encore sur son corps. Le juge Pablo Ruz, de l'Audience nationale, a également entendu le témoignage de Saâdani Malainine, qui a décrit les conditions "inhumaines dans lesquelles ils ont vécu dans les camps de Tindouf" ainsi que "les pratiques de torture qu'ils ont subies et dont ils gardent de graves séquelles". La fille du défunt El Wali Seikh Slama, Saâdani Malainine, a souligné à l’issue de l’audience, que "ce jour est historique pour les victimes du Polisario ayant subi le calvaire des camps de Tindouf".
La justice espagnole s'implique
Pour Malainine, "les victimes veulent que l'opinion publique espagnole et internationale soit informée des souffrances des milliers de sahraouis dans les camps de la honte". "Nous voulons que justice soit faite et que les accusés dans cette affaire n'échappent pas à la justice et répondent de leurs crimes graves contre des milliers de victimes innocentes", a-t-elle souligné. Les deux témoins "ont été soumis à une expertise médicale pour faire constater les tortures subies", a précisé José Manuel Romero, avocat des victimes, dans une déclaration au bureau de la MAP à Madrid. Et d’ajouter que "d'autres victimes seront convoquées dans le cadre de cette affaire".
La justice espagnole, qui a reçu cette plainte en 2007, prend au sérieux ce procès. D’ailleurs, ce lundi, le juge espagnol a également entendu un troisième témoin, Mustapha El Kouri. Celui-ci a décrit au juge Ruz "les affres endurées par les victimes dans les camps de Tindouf, ainsi que les pratiques suivies par les dirigeants du Polisario afin de massacrer la population", affirme l’avocat. Pour rappel, cette plainte met en cause, au total, 29 responsables du front Polisario.