Les flux migratoires se sont amplifiés, ces dernières années, à travers le monde, et prennent une dimension préoccupante dans le nord du Maroc. Tentatives d’entrer en Espagne par Melillia en prenant d’assaut les murs de barbelés, traversées du détroit de Gibraltar, au péril de leur vie, sur des barques de fortune… Le désespoir est immense et tous les moyens semblent bons, à ce point de misère. Récemment encore, la forêt de Gourougou, dans la région de Nador, abritait des migrants subsahariens qui vivaient là dans des conditions désastreuses, en attendant l’opportunité de rejoindre l’Espagne.
Libération, dans son édition de ce mercredi 18 février, revient sur cette problématique, et ce d’autant que les autorités espagnoles auraient décidé de créer une sorte de No man’s land, entre le Maroc et les présides occupés: «une bande de terre» où seront rassemblés les demandeurs d’asile politique et humanitaire, en attendant que l’on statue sur leur sort. «Selon certains médias ibériques, Jorge Fernández Díaz, ministre espagnol de l'Intérieur, aurait laissé entendre que de pareils bureaux pourraient être ouverts en mars prochain», précise ainsi le journal en soulignant que «les migrants irréguliers ne seraient pas concernés» par cette décision. La migration pour raisons économique n’est en effet pas prise en compte en ceci qu’elle n’est pas, d’après le ministre, «tolérée sur le territoire espagnol».
Les bandes de Sebta et Melillia, ou les camps de l'exil
« Nous n’avons aucune information confirmant ou infirmant ces propos puisqu’il n’y a pas eu jusqu’à présent de demande officielle dans ce sens. Ce que nous savons, c’est que les personnes qui veulent demander l’asile en Espagne ont la possibilité de déposer leurs demandes aux postes frontaliers de Sebta et à Melillia», a confié à Libération Marc Fawe, chargé des relations extérieures au HCR-Maroc et auquel a fait écho Hicham Rachidi, secrétaire général du Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (GADEM). Si, donc, l’information ne semble pas encore avoir valeur officielle, la question se pose de savoir ce qui se cache derrière une telle initiative: «L’Espagne cherche à délocaliser l’accueil de ses demandeurs d’asile vers le Maroc», titre d’ailleurs Libération qui livre ainsi une ébauche de réponse avant de se poser la question de la faisabilité de la création de tels «bureaux». «L'externalisation de l'asile a déjà été évoquée par Tony Blair, ex-Premier ministre anglais, en 2003 et ce projet est toujours d’actualité», peut-on ainsi lire dans le journal qui revient sur la récente visite au Maroc d’«une délégation d’ONG italiennes», venue justement s’enquérir de la faisabilité d’un tel projet dans la perspective, rapporte Hicham Rachidi à Libération, «d’éviter les drames des naufragés de la Méditerranée». Mais ces politiques d’externalisation et de délocalisation n’auront rien résolu et n’auront fait que créer et multiplier les «camps d’exilés».