«Nous n'avons jamais voulu de conflit. Nous ne l'avons jamais cherché. Nous ne l'avons jamais voulu. Et nous ne l'alimentons certainement pas. Ce que nous voulons, et c'est ce que j'ai transmis à l'ambassadrice (Karima) Benyaich, c'est regarder vers l'avenir. Nous voulons travailler ensemble pour qu'une autre crise ne se reproduise pas. Pour que ceux qui sont entrés illégalement en Espagne retournent au Maroc, comme c'est déjà le cas», a expliqué Mme Laya.
«Nous n'avons pas créé ce conflit et nous ne voulons pas l'entretenir. Et nous allons continuer à travailler dans ce sens», a insisté la cheffe de la diplomatie espagnole, ajoutant que son pays «veut avoir une relation mature avec le Maroc, même lorsqu'il y a des désaccords».
«Ce qui s'est passé, c'est le rejet par notre voisin marocain d'un geste humanitaire que nous avons fait en faveur d'une personne gravement malade du Covid, ce qui a déclenché une réponse unilatérale sous la forme d'une crise migratoire», a-t-elle dit, notant que «nous savons tous que Brahim Ghali est le Front Polisario et que le Front est le Sahara occidental».
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«Si la question est qu'avec ce geste humanitaire l'Espagne prend parti dans le conflit du Sahara Occidental, la réponse claire et nette du gouvernement est non. L'Espagne n'a pas changé de position. Ce différend nécessite une solution politique qui doit être négociée dans le cadre des Nations unies car c'est ce qui garantira la légitimité et une paix stable et durable. Telle est la position centrale de l'Espagne, respectueuse de la légalité internationale. C'est également la position de l'UE», a détaillé la ministre.
Répondant à une question sur si la crise migratoire à Sebta a été une réponse du Maroc à l’accueil de Brahim Ghali, Laya a souligné: «Je ne peux pas concevoir qu'un geste humanitaire ait comme réponse une crise migratoire d’entrée de mineurs comme nous l'avons vu à Sebta. L'Espagne a une tradition humanitaire, nous ne l'avons jamais cachée. Le Maroc aussi, d'ailleurs. Il a également accueilli des dirigeants africains dans son pays. Et il l'a toujours fait dans le respect de sa tradition humanitaire. L'Espagne aussi».
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«Je voudrais insister: nous ne devons pas lire dans cette décision autonome de l'Espagne des questions qui ne sont pas implicites dans ce geste humanitaire. Nous ne devons pas lire des positions ultérieures dans aucune question, en particulier sur la question du Sahara. L'Espagne sait que c'est une question nationale au Maroc. C'est pourquoi l'Espagne a été extrêmement respectueuse sur cette question. Aucun pays n'a été plus respectueux que l'Espagne sur cette question, car nous savons à quel point elle est importante pour le Maroc», a-t-elle relevé, estimant que l'entrée de Brahim Ghali en Espagne «n’était pas secrète, mais discrète».
Interrogée sur le fait si Washington a informé l’Espagne avant de prendre la décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, la cheffe de la diplomatie espagnole a répondu: «Certainement pas. Il n'y a eu aucune consultation de l'Espagne, ni de la part des États-Unis ni de la part du Maroc. Nous respectons notre voisin et nous respectons les États-Unis. Nous respecterons toujours les décisions des Américains, mais nous voulons aussi que les nôtres soient respectées. On peut toujours avoir un désaccord dans un cadre de respect».
«L'Espagne ne cherche pas à influencer les décisions des États-Unis. Ils prendront les décisions qu'ils doivent prendre. Mais l'Espagne veut aussi prendre les siennes et les défendre avec sérieux et fermeté. Tout comme l'Union européenne dans son ensemble, qui est également ancrée dans ce que nous pensons être la solution: une solution politique et négociée au sein des Nations unies», a fait noter la ministre.
«Ce n'est pas à l'Espagne de dire quelle devrait être la solution au Sahara Occidental. Nous avons dit que toute solution trouvée entre les parties à ce conflit aura notre approbation. Nous ne sommes favorables à aucune solution. Il y a quelques solutions intéressantes sur la table et nous pensons qu'il est important de les explorer. Mais ce n'est pas à l'Espagne de dire quelle est la solution. Et nous voulons donc que cette position soit respectée», a-t-elle conclu.