Pour former un gouvernement de coalition avec le parti d’extrême gauche, PODEMOS, le chef du gouvernement socialiste espagnol, Pedro Sanchez, est prêt à sacrifier ses principes mêmes, pour ne pas parler des «relations exceptionnelles» qui lient l'Espagne à son voisin du sud, le royaume du Maroc.
C’est en tout cas ce qui ressort du programme «commun progressiste» qu’il vient de présenter et qui est diffusé sur la page web du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), stipulant, tenez-vous bien!, que «le gouvernement soutiendra que la Minurso élargisse sa mission pour la surveillance des droits de l’Homme» au Sahara marocain!
Curieusement, cette sortie du chef de l’Exécutif espagnol intervient alors que 52 députés français viennent d’exprimer dans une tribune médiatique leur grande préoccupation quant à la répression des élus catalans en Espagne!
«Depuis de longs mois, la situation des responsables politiques catalans perdure. Nous savons que la controverse est vive sur le statut de la Catalogne et l'avenir de l'Espagne, nous en mesurons la solennité des enjeux et notre propos n'est pas de nous immiscer dans ce débat. C'est pourquoi nous avons attendu que soient passées les échéances électorales pour nous exprimer. Aujourd'hui, nous voulons simplement dire notre préoccupation et notre réprobation face à ce qui nous semble porter atteinte aux libertés fondamentales et à l'exercice de la démocratie», s’insurgent en effet des députés français, dans cette tribune consultée par le 360.
Cette tribune-brûlot n’a évidemment pas été du goût du gouvernement socialiste, qui a remué ciel et terre pour soutirer une réaction de la part du président de l’Assemblée nationale française (voir document ci-contre), où ce dernier «tient à rappeler son attachement à l’unité et à l’intégrité de notre voisin européen».
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Pourquoi ce gouvernement socialiste rue-t-il dans les brancards dès lors que des députés français expriment «notre réprobation face à ce qui nous semble porter atteinte aux libertés fondamentales et à l’exercice de la démocratie »? Au nom de quelle logique se permet-il alors de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays voisin souverain, le Maroc, en affirmant, du haut de son hypocrisie, vouloir oeuvrer pour l’extension du mandat de la Minurso au contrôle des droits de l’Homme au Sahara marocain, sachant que cette recommandation, présentée en 2013 par les États-Unis (pen-holder des résolutions sur le Sahara), avait été balayée d’un revers de la main par le Conseil de sécurité, qui est l’instance décisive de l’Organisation des Nations unies!
Il est vrai que cette manoeuvre du chef de l’Exécutif espagnol laisse dégager un relent politicien, mais devrait-il pour autant utiliser le dossier du Sahara dans ce qui ne devrait concerner que la cuisisne interne espagnole?
Pedro Sanchez peut-il jouer le jeu du parti d’extrême-gauche, Podemos, réputé être un farouche partisan du front séparatiste du polisario, sans risquer de s’aliéner son voisin du sud, de surcroît premier partenaire économique de l’Espagne, et allié majeur dans la lutte commune contre le terrorisme, l’émigration clandestine, le trafic de drogue et la traite des êtres humains?
Une chose est sûre: le Maroc ne saurait servir de «courte échelle» à monsieur Pedro Sanchez, qui doit d’abord cesser de réprimer les militants catalans dont les dirigeants continuent de croupir en prison pour avoir (simplement) revendiqué le droit de leur peuple à disposer de lui-même!
Monsieur Sanchez, "on ne lance pas de pierre quand on vit dans une maison de verre"!