La Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a lancé, hier, une initiative visant à lutter contre toutes les formes d’extrémisme dans le milieu carcéral. «Des oulémas, fonctionnaires et détenus formés à cet effet prendront part à l’initiative», rapporte Akhbar Al Yaoum dans son numéro de ce mardi 24 mai. «La première phase de l’initiative concerne quinze fonctionnaires de l’Administration pénitentiaire et cinq oulémas appartenant à la Ligue Mohammedia, qui deviendront formateurs plus tard», précise le journal.
La démarche, une première du genre au Maroc, sera accompagnée d’une autre initiative visant à la réinsertion des détenus dans la société. «Les prisons de Meknès et d'Agadir serviront d'espaces pilotes. Deux autres établissement s’ajouteront à la liste ultérieurement», souligne encore le quotidien.
L’initiative bénéficie d’un appui financier japonais de 850.000 dollars américains. Le financement s’inscrit dans le cadre de l’activation du programme des Nations Unies pour le développement, signé en mars et visant beaucoup plus que la simple réinsertion des anciens détenus.Au programme de cette action, des ateliers dont le premier se tiendra au Centre de formation des cadres de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion de Tiflet. «Ce rendez-vous a pour objectif la formation des cadres de l’Administration et oulémas au renforcement du discours de tolérance», précise Akhbar Al Yaoum. La formation leur permettra également de «mieux évaluer et analyser les risques et dangers de la violence, notamment celle liée à l’extrémisme dans les prisons marocaines», indique un communiqué de l’administration. Pour Mohamed Salah Tamek, délégué général de la DGAPR, cette formation permettra aux bénéficiaires de détecter les comportements dangereux.
Abdelali Hamieddine, président d’Al Karama, ONG pour la dignité et les Droits de l’Homme, a qualifié de "positive" cette initiative, à condition qu'elle s’appuie sur trois piliers: soit un discours intellectuel avec les détenus salafistes extrémistes, un respect des droits de ces détenus et la reconsidération de certains dossiers, ainsi que la réinsertion économique et sociale à leur libération.