Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a adressé, hier jeudi 30 mars, une lettre ouverte au Chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Signé par Nabil Benabdallah, Secrétaire général de la formation politique, le texte fait état des préoccupations du parti quant à la flambée des prix et à la détérioration du pouvoir d’achat des Marocains.
Le bureau politique du PPS s’est dit, de prime abord, profondément préoccupé par la légèreté avec laquelle le gouvernement gère «la flambée exorbitante et insupportable des prix des produits alimentaires et de consommation», lit-on dans ledit document.
«Cette situation provoque une montée de l’exaspération et de la tension populaire et menace la paix sociale», fait remarquer le parti, qui critique surtout «le silence et l’inaction du gouvernement face à cette situation qui affecte toutes les catégories sociales, en particulier les personnes à revenu modeste, les couches nécessiteuses et vulnérables, ainsi que les classes moyennes».
«Des assurances verbales contredites par la réalité»
Le PPS attire également l’attention sur «les assurances verbales» et «les expressions de satisfaction» du gouvernement qui sont «démenties par la réalité», et surtout par les publications de Bank Al-Maghrib, du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut-commissariat au plan (HCP), qui attirent l’attention sur la gravité de la situation et l’élargissement de la pauvreté.
Lire aussi : Taux directeur: Jouahri, Fettah et Lahlimi dans l’œil du cyclone
Le PPS demande par conséquent au gouvernement d’assumer pleinement ses responsabilités face à une situation sociale préoccupante, l’exhortant à «abandonner complètement la rhétorique de la justification de la situation» par les fluctuations internationales, les conditions climatiques et l’argument fallacieux de l’héritage des gouvernements précédents, au sein desquels le PPS a été une composante essentielle, en assumant les portefeuilles des secteurs financiers, économiques et productifs les plus importants.
«Un plan précis et global»
Le PPS rappelle aussi que l’année et demie de vie du gouvernement, sans prendre de mesures fortes et efficaces pour préserver le pouvoir d’achat des citoyennes et des citoyens, constitue «la principale cause des dures souffrances que vivent les Marocains aujourd’hui, avec la hausse des prix historique et sans précédent depuis des décennies».
Le parti invite le gouvernement à agir d’urgence en annonçant «un plan précis et global» qui ne soit pas fondé uniquement sur des aménagements de la politique monétaire, aux effets limités, ni sur le libre cours laissé à la forte inflation, sans contre-mesures protégeant le pouvoir d’achat des Marocains.
Lire aussi : Nabil Benabdallah: «Le gouvernement refuse de nous écouter pour mettre fin à la flambée des prix»
Ce plan devrait, d’après le PPS, permettre de «contrer la dégradation continue des conditions sociales et économiques, mise en exergue par les inquiétants indicateurs et données officielles». Et de citer la hausse de l’Indice des prix à la consommation de 10,1% au cours du mois de février 2023, causée principalement par l’augmentation des prix des produits alimentaires, des prévisions d’inflation atteignant 5,5% cette année, après s’être élevée à 6,6 % l’an dernier, et de la perte d’environ 24.000 emplois.
Des propositions pour contrer l’inflation
À côté du chapelet de reproches et de critiques, le document rédigé par le PPS compile les propositions formulées par le parti pour contrer l’inflation. Celles-ci incluent le recours aux dispositions de la loi relative à la liberté des prix et la concurrence pour plafonner temporairement les prix des produits connaissant une hausse extrême, et la mise en place d’un véritable contrôle du marché pour remédier à ses dysfonctionnements dans les chaînes de commercialisation et sanctionner les pratiques répréhensibles de certains grands intermédiaires, spéculateurs et détenteurs de monopoles.
Autres propositions mentionnées par le PPS: la réévaluation des subventions accordées aux transporteurs «qui n’ont pas eu d’impact positif tangible», le soutien au pouvoir d’achat des Marocains en piochant dans les revenus additionnels provenant de la hausse des ressources fiscales, l’octroi d’une aide directe aux familles pauvres, mettre en place un revenu minimal pour les personnes âgées et la revalorisation des salaires et des pensions de retraite modestes.
Lire aussi : Hausse des prix des denrées alimentaires: le gouvernement se mobilise pour un retour rapide à la normale
Sur un autre volet, la formation de Nabil Benabdallah suggère l’utilisation des mécanismes douaniers et fiscaux (TVA et TIC) pour faire baisser les prix, la maîtrise du marché des carburants «en l’épurant des collusions contraires à la transparence et à la probité», ainsi que la promulgation des textes réglementaires qui permettraient au Conseil de la concurrence de jouer son rôle en matière de contrôle des prix et de lutte contre la spéculation.
La nécessaire réévaluation de la politique agricole
Le PPS propose aussi d’élever au rang de priorité la sécurité alimentaire nationale, avec une évaluation objective et audacieuse des résultats du Plan Maroc vert, ainsi qu’une révision profonde du Plan génération verte et des politiques agricoles actuellement tournées principalement vers l’export.
Dans sa lettre le parti réitère sa détermination à poursuivre son plaidoyer afin d’inciter le gouvernement à «agir de manière efficace pour protéger le pouvoir d’achat des Marocains, instaurer la justice sociale et territoriale (…) et assurer une vie digne aux couches les plus larges de la population».