Libération conditionnelle: le ministère public appelle à plus de témérité

Moulay El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du ministère public.

Moulay El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du ministère public. . DR

Revue de presseLe nombre de personnes condamnées à des peines de prison ferme, ayant bénéficié d’une libération conditionnelle, est d’au plus 408 personnes, soit 5% des 6.972 dossiers soumis par la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) à la Direction des affaires pénales et des Grâces. Un taux qu’El Hassan Daki, le président du ministère public, juge faible, ce qui l’a incité à appeler les services concernés à faire preuve de plus d’ingéniosité pour mettre en œuvre ce mécanisme, qui permet aux condamnés de recouvrer leur liberté et de s’intégrer dignement dans la société. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 27/05/2024 à 18h10

El Hassan Daki, président du ministère public, a appelé à faire preuve d’audace pour trouver des solutions pratiques et réalistes afin de mettre en œuvre le régime légal de libération conditionnelle, en tant que mécanisme à même de permettre aux condamnés de recouvrer leur liberté et de s’intégrer avec dignité dans la société.

Pour ce faire, a-t-il expliqué, il leur faut faire montre d’une bonne conduite et de leur adhésion, de façon sérieuse, aux programmes de réforme et de réhabilitation agréés dans les établissements pénitentiaires, relaie Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 28 mai.

Dans une intervention à un séminaire organisé par le ministère de la Justice sur la libération conditionnelle, El Hassan Daki a indiqué que «le mécanisme de la libération conditionnelle était considéré comme l’une des pratiques les plus pertinentes adoptées par la plupart des systèmes pénaux, en tant que moyen d’évaluer la réhabilitation des condamnés, de tester leur comportement et le degré de leur adhésion aux programmes de formation et de réhabilitation à l’intérieur des établissements pénitentiaires».

Le haut magistrat a précisé que ce mécanisme avait un rôle essentiel dans la prévention de la récidive, et contribuait à l’atténuation de l’encombrement dans les prisons.

El Hassan Daki s’est en revanche interrogé sur les raisons empêchant l’augmentation du nombre de bénéficiaires d’une libération conditionnelle: «sont-elles dues au nombre réduit des dossiers proposés, à la personnalité des condamnés et la gravité des actes qu’ils ont commis? Ou existe-t-il d’autres raisons ayant trait aux conditions requises dans le système juridique y afférent, comme la difficulté pour le condamné concerné par la libération conditionnelle de fournir des documents montrant qu’il dispose de moyens personnels de subsistance ou d’un métier à revenu stable?».

Se référant à des évaluations statistiques issues du rapport annuel pour 2023 de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, le président du ministère public a indiqué que, de 2019 à 2023, le nombre de bénéficiaires d’une libération conditionnelle n’a pas dépassé 408 détenus, soit 5% des 6.972 dossiers qui avaient été soumis par la DGAPR à la Direction des affaires pénales et des Grâces.

Ces statistiques, a indiqué El Hassan Daki, sont très en-dessous du nombre de bénéficiaires en France et en Espagne, qui s’élève à 8.000 condamnés pour chacun des deux pays. Au Canada, a-t-il ajouté, l’administration pénitentiaire libère chaque année, sous conditions, 18.000 condamnés.

Par Hassan Benadad
Le 27/05/2024 à 18h10