Le débat ouvert sur la réforme des lois sur les libertés individuelles a plusieurs mérites, dont celui de révéler les faces parfois cachées de certains politiques. C’est le cas entre autres de Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD et qui se positionne aujourd’hui parmi les plus virulents détracteurs des réformes que souhaite engager Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice.
Dans son édition du mercredi 3 mai, Assabah estime que le sujet des libertés individuelles a dévoilé la face intégriste d’Abdelilah Benkirane. Le quotidien en veut pour preuve ses attaques virulentes envers le ministre de la Justice, qu’il accuse de promouvoir la débauche.
Cette face intégriste, le secrétaire général du PJD l’a une nouvelle fois affichée lors du rassemblement de l’UNTM, le bras syndical du parti, à l’occasion de la célébration du 1er mai. Comme le rapporte le journal, il est encore revenu sur la question des libertés individuelles, en remettant en cause les arguments de Abdellatif Ouahbi. Pour le secrétaire général du PJD, le ministre de la Justice «ose changer ce qui est dicté dans le coran avec un simple décret ministériel».
Benkirane a également rappelé que la chose religieuse dans le pays est gérée par le souverain lui-même à travers le Conseil supérieur des Oulémas et que même ce dernier ne décrète pas des changements de lois touchant à la religion, qui «rendraient licite ou illicite ce qui ne l’est pas».
En fait, comme l’explique le journal, si le leader du PJD se montre aussi critique envers le ministre de la Justice, c’est qu’il a très peu apprécié que ce dernier lui réponde sèchement lorsqu’ils se sont croisés récemment. Selon les sources du quotidien, Ouahbi se serait adressé à Benkirane en lui disant qu’il valait mieux défendre des relations consentis dans un lieu privé que «le scandale des plages». Le ministre faisait ainsi référence à l’affaire ayant impliqué des leaders du Mouvement unicité et réforme (MUR), bras idéologique du PJD, et dans laquelle ils ont été surpris en pleins ébats sexuels dans une voiture.
Assabah fait, par ailleurs, remarquer que Benkirane n’a pas assisté aux dernières sorties du ministre de la Justice pour expliquer les réformes qu’ils souhaitent apporter. Du coup, lors de son intervention devant l’UNTM, «le secrétaire général du parti de la lampe a prétendu que le ministre souhaite légitimer l’adultère et que cela aurait pour conséquence de détruire la société marocaine».
Il est parti encore plus loin en affirmant que l’une des conséquences de cette légitimation de l’adultère serait de pousser les époux à s’entretuer, vu que la loi ne leur préserverait plus leur droit. Or, Assabah précise que la vision du ministre de la Justice est totalement différente, et que son objectif est surtout de réguler la manière avec laquelle le flagrant délit est constaté.