Les partis politiques ne se sont toujours pas exprimé sur le débat actuel sur les libertés individuelles. Excepté le PPS, qui a été on ne peut plus clair sur le sujet, les autres instances libérales et socialistes observent un silence assourdissant.
Le silence des parlementaires islamistes demeure conforme à leurs convictions, qui refusent la révision des lois incriminant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il en est de même pour les islamistes radicaux qui réfutent tout débat sur ce sujet à travers des fuites de l’intérieur du mouvement d’Al Adl Wa Ilhssane. Par contre, personne ne comprend l’attitude des partis politiques modernistes, surtout que le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a affirmé qu’il «présentera» dans les prochains jours ses recommandations sur la révision du Code pénal.
Un sujet qui est débattu actuellement au sein de la commission de la législation et des droits de l’homme à la chambre des représentants. Le CNDH souligne que son initiative rentre dans le cadre du suivi du «débat actuel sur les libertés individuelles et la question de l’IVG provoqué par l’arrestation de madame Hajar Raissouni». Au moment où tout le monde s’attend à ce que le débat soit institutionnalisé sous la coupole du Parlement, les partis libéraux et socialistes n’ont pas pipé mot sur l’initiative du CNDH.
Par contre, la position du bureau politique du PPS demeure en harmonie avec son identité gauchiste et progressiste en appelant à «tourner rapidement cette page en libérant tous ceux qui sont poursuivis dans cette affaire et en respectant la présomption d’innocence. Il faut un traitement radical au problème de l’IVG dans le cadre d’une révision globale du Code pénal qui est actuellement soumis à la chambre des représentants».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 13 septembre, que pendant que les socialistes et les libéraux gardent un silence complice, des voix islamistes s’élèvent pour réclamer la dépénalisation des libertés individuelles. La députée Amina Maelainine a posté un message sur son compte Facebook dans lequel elle demande d’ouvrir «un débat interne serein et encadré loin des accusations préétablies et des argumentaires sur l’opposition à la charia, l’incitation à la propagation de la dégradation de la société ou encore l’éloignement par rapport au référentiel idéologique du parti». Maelainine a poursuivi en indiquant que les dispositions du Code pénal sont anciennes et datent du siècle dernier. C’est dire, enchaine-t-elle, que le Code pénal a besoin d’une révision profonde et globale à la lumière des principes de l’Etat de droit et des libertés.
Le PJD n’a pas du tout apprécié que cet appel provienne de l’intérieur de sa direction. Certaines voix se sont élevées contre les déclarations de Maelainine, notamment celles du dirigeant Abdelaziz Aftati et la jeunesse du parti. Ceci étant, les islamistes risquent d’être minoritaires au Parlement même si le parti conservateur de l’Istiqlal pourrait lui emboiter le pas sur cette question. Autant dire que les regards se tournent aujourd’hui vers les positions du RNI, du MP et de l’UC. Quant à l’USFP, qui devait être le premier à se positionner sur ce sujet, il demeure cantonné aux interminables concertations de sa direction.