L’Istiqlal change de ton et prend position dans le flou qui caractérise actuellement la scène politique. C’est ainsi que le doyen des partis politiques au Maroc reconnaît ouvertement l’existence d'une «régression» en matière de libertés et de démocratie et d’une «crise politique structurelle». C’est du moins ce que rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 4 novembre.
D’après le quotidien, qui reprend les extraits d’une allocution du secrétaire général devant le conseil national, réuni samedi dernier, Nizar Baraka a appelé à «la réouverture, dans l’immédiat, du chantier des réformes politiques et institutionnelles. Et ce, en capitalisant sur les acquis de l’avant et l’après-Constitution de 2011 et en planchant sur les aspects négatifs qui ont bridé le processus démocratique au Maroc».
Le chef de file de l’Istiqlal, poursuit Akhbar Al Yaoum, insiste, tout en adoptant un ton critique vis-à-vis de la situation politique actuelle, sur le fait que «la volonté populaire pousse vers un changement réel». Le Maroc, explique-t-il, «connaît un avachissement politique en raison de l’absence de réformes et d’un pacte entre le Parlement et l’ensemble des citoyens». De même, poursuit-il, le gouvernement est revenu sur des acquis démocratiques, le pays «connaît une régression en termes des libertés publiques et les institutions ont été vidées de leur esprit».
Et pour ne rien arranger, souligne le patron de l’Istiqlal, cité par Akhbar Al Yaoum, «les initiatives de médiation ont également été affaiblies», tout comme les partis politiques. «Nous avons aujourd’hui besoin de partis politiques forts, et tous ceux qui s’attaquent à ces derniers menacent de détruire un élément fondamental et central de la démocratie», a-t-il ajouté.
Ce rapport politique, présenté par le secrétaire général, est une tentative du parti de se différencier des autres formations par un discours politique différent, estime un politologue cité par le quotidien. En appelant à des réformes politiques et institutionnelles, le parti se positionne en alternative aux autres partis, notamment ceux au pouvoir. Ce faisant, l’Istiqlal construit son discours sur un certain nombre de constantes, relève le politologue cité par le quotidien. D’où cet appel à un nouveau «pacte politique» pour sortir de la crise institutionnelle que connaît le Maroc actuellement. Le parti veille également, et c’est un autre point clé de son discours, à envoyer des signaux fort pour se présenter comme la seule alternative pour résoudre les problèmes politiques, économiques et sociaux du Maroc.
Bref, conclut Akhbar Al Yaoum, ce qui est nouveau dans l’attitude de l’Istiqlal, c’est que la nouvelle direction est en train de reconstruire le parti. L’adoption d’un discours différent fait justement partie de ce processus de reconstruction. Et s’il arrive, au passage, à capter quelques élites et composantes de l’opinion publique qui se sentent perdues dans ce flou politique, c’est tant mieux. Surtout qu’il estime que la conjoncture lui est favorable avec, notamment, l’affaiblissement du PJD, l’émiettement de l’USFP et la sortie du PPS du gouvernement.