Lors de la tenue de leur conseil national, les Istiqlaliens ont appelé le gouvernement à présenter son bilan de mi-mandat, conformément à l’article 101 de la Constitution. Une demande qui vise à comparer le contenu du programme gouvernemental avec ce qui a été réalisé et ce que les ministres ont échoué à concrétiser à cause de leur inaction et leur incapacité.
Les membres du Parlement du parti ont demandé à la majorité gouvernementale de mettre fin à la crise politique dans laquelle elle patauge et de se pencher sur les véritables problèmes du pays. Les Istiqlaliens ne font pas dans la dentelle quand ils somment l’Exécutif de prendre les mesures nécessaires et de trouver les solutions structurelles et urgentes pour remédier aux graves dysfonctionnements qui émaillent sa gestion. Autrement, ajoutent-ils, il faut «avouer votre échec, démissionner et partir pour céder la place à une nouvelle équipe gouvernementale plus opérationnelle».
Dans sa réunion, tenue dimanche à Salé, le Conseil national de l’Istiqlal a attiré l’attention sur les régressions et les tensions sociales que vit le pays. Une situation, ajoute-t-il, que l’on constate avec l’augmentation de l’intensité des protestations populaires, la baisse du pouvoir d’achat des familles et la faiblesse de la protection sociale, soulignant les reculs constatés dans les prestations des services de base comme la santé et l’enseignement. Un constat qui démontre l’incapacité du gouvernement à s’acquitter de ses engagements «utopiques et irréalistes», comme celui de créer 1.200.000 emplois avec un taux moyen de croissance qui ne dépasse pas les 3%.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 23 avril, que le Conseil national a exprimé son inquiétude face aux dangers que représente le retard pris dans la transition démocratique et la garantie des droits fondamentaux. Il est regrettable, ajoute le même organe, que le gouvernement n’ait pas mené à son terme la construction institutionnelle et constitutionnelle. Il en est résulté le blocage du système de la régionalisation avancée, de la charte de la déconcentration administrative et le retard pris dans la publication des lois organiques, malgré le dépassement de plus de trois ans des délais fixés par la Constitution. Il s’agit des lois relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, du conseil national des langues et de la culture marocaine, du droit de grève et de la charte des services publics.
Le secrétaire général du parti, Nizar Baraka, indique que «la situation politique dans notre pays est très critique à cause des dissensions au sein de la majorité gouvernementale, dans le seul objectif de gagner un leadership fictif». Et le patron de l’Istiqlal d’ajouter qu’il a demandé au gouvernement d’appliquer l’article 101 de la Constitution à travers la présentation d’un bilan à mi-mandat, après avoir refusé d’actionner l’article 103 de la Constitution. Autrement, précise-t-il, le gouvernement devra soit approuver la loi-cadre de l’enseignement, soit démissionner puisqu’il ne dispose pas de la majorité parlementaire. Mais, ajoute Barka, «le gouvernement a continué à ignorer les sentiments de frustration et de déception générale qui ont envahi les citoyens. Et, au lieu de répondre à leurs besoins et à leurs revendications, l’Exécutif est devenu prisonnier des luttes des composantes de sa majorité et de ses guerres intestines». Le patron de l’Istiqlal estime que l’ordre ne pourra être rétabli sans l’organisation, dans les brefs délais, d’élections législatives anticipées.