Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El othmani, a demandé au ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, de retirer le projet de loi 22.20 sur les réseaux sociaux, après le tollé général qu’il a provoqué dans les sphères civile et politique. Ce projet, surnommé «Loi de musellement des voix», s’est heurté au refus et aux protestations de toutes les organisations des droits de l’Homme et de la société civile, ainsi que des dirigeants de la majorité gouvernementale. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 4 mai, que les chefs des partis ont, en effet, vivement critiqué la validation de ce projet, pourtant approuvé lors de la réunion du Conseil de gouvernement, le 19 mars dernier. Selon des sources autorisées, El Othmani aurait demandé au ministre de la Justice d’entamer des concertations avec le CNDH, le CNP, le syndicat national de la presse, ainsi qu’avec les organisations des droits de l’Homme et de la société civile, afin de réviser tous les articles susceptibles de porter atteinte à la liberté d’expression et d’opinion.
En revanche, la loi doit restructurer l’espace des réseaux sociaux, qui connaît un désordre indescriptible pour être devenu un théâtre de fausses accusations, d’injures et d’usurpations d’identité, délits sanctionnés par la loi. Le chef du gouvernement a été la cible des leaders des partis de la majorité, qui ont sous-traité leur position en recourant aux dirigeants de leurs organisations de jeunesse. Ces derniers ont accusé les ministres de porter atteinte aux droits de l’Homme en approuvant ce projet de loi et en créant deux commissions, technique et politique, pour réviser les articles dudit projet.
Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du lundi 4 mai, indique que c’est le ministre de la Justice qui a plié l’échine devant la tempête de protestations que cette loi avait provoquée. Il aurait donc demandé au chef du gouvernement de reporter les travaux de la commission chargée de réviser cette loi à la fin de l’état d’urgence sanitaire. El Othmani ne pouvait que faire marche arrière, après s’être mis dans le pétrin en autorisant l’approbation d’un projet ambigu dont le contenu n’a pas même été finalisé.
Le ministre socialiste de la Justice, Mohamed Benabdelkader, qui a assumé la responsabilité politique de ce projet portant atteinte aux dispositions de la Constitution et des droits de l’Homme, a mis son parti dans l’embarras. Gêné, le chef de l’USFP, Driss Lachgar, s’est empressé de rencontrer, vendredi dernier, le chef du gouvernement pour discuter de cette crise et essayer de trouver les moyens d’en sortir sans dégâts.