L’audience accordée par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, au chef du Polisario, dimanche dernier à Alger, a été jugée inopportune par la secrétaire générale du Parti des travailleurs. «Cette visite ne figure pas parmi les priorités de la république d’Algérie», a précisé Louisa Hanoune, citée par le prestigieux quotidien «Al Arab» paraissant à Londres.
Louisa Hanoune fait partie du groupe des dix-neuf personnalités algériennes qui ont demandé dernièrement à rencontrer le président Bouteflika pour s’assurer s’il était bel et bien maître à bord et gouvernait lui-même l’Algérie ou c’est plutôt ses proches collaborateurs qui tiraient les ficelles du pouvoir dans un pays menacé de «faillite».
«Le président Bouteflika aurait mieux fait d’assainir le climat des relations maroco-algériennes et d’œuvrer pour la dynamisation de l’Union du Maghreb Arabe qui a besoin aujourd’hui plus que tout autre temps d’unifier ses efforts dans différents domaines notamment celui de la sécurité, pour faire bloc uni contre le terrorisme et assiéger les groupes terroristes qui circulent librement à travers les frontières du Maghreb jusqu’au Cameroun, en passant par le Nigeria et le Niger», a estimé la première responsable du Parti algérien des travailleurs.
Par la même occasion, la responsable politique algérienne a mis en garde contre le risque que l’Algérie continue de jouer avec le feu du séparatisme en encourageant le Polisario. Selon Louisa Hanouna, l’Algérie qui soutient l’idée du séparatisme au nom «du droit des peuples à l’autodétermination» risquera d’en subir les conséquences elle aussi et il serait dans son intérêt d’y renoncer à tout jamais.
Pour rappel, le SG du Front de libération nationale (FLN), Amma Saâdani, avait lancé dernièrement sur le plateau d’une télévision algérienne, en l’occurrence Ennahar TV, un appel du pied au président algérien afin qu'il lève la main sur le dossier saharien, précisant qu’il était du ressort exclusif des Nations Unies.
Une déclaration publique aussi audacieuse qu’inédite dans une Algérie où la question saharienne fait partie des «secrets les mieux gardés», valant à son auteur un véritable lynchage de la part de l’entourage du président Bouteflika, dont le chef de cabinet de la présidence algérienne, Ahmed Ouyahya. La sortie actuellement de la SG du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, confirme l’agacement de la classe politique algérienne face à la perpétuation du contentieux et du coût, aussi bien matériel que politique, que l’Algérie continue de payer pour un faux «combat» qui hypothèque encore l’avenir des relations bilatérales et l’avenir de toute la région maghrébine.