L’affaire des photos d’Amina Maelainine sans voile à Paris continue de faire des remous, d’alimenter le débat et d’attiser la controverse au sein du parti islamiste. L’intéressée vient de confirmer, elle-même, son passage devant la «commission de l’intégrité et de la transparence», présidée par Mustapha Ramid, que le quotidien Al Akhbar qualifie de «tribunal d’inquisition», dans son numéro du week-end des 2 et 3 mars.
Dans une lettre ouverte adressée à la direction de son parti, la députée a passé en revue le déroulé de l’interrogatoire auquel elle a été soumise par le «tribunal» de son parti, écrit le journal. Elle a ainsi affirmé qu’elle n’a jamais refusé de comparaitre devant cette commission, et si elle s’est abstenue d’évoquer son interrogatoire, c’est parce qu’il a abordé des aspects intimes de sa vie privée sur lesquels elle ne souhaite pas revenir. Pire, commente-t-elle, «il ne m’est jamais venu à l’esprit que le PJD pouvait aller aussi loin».
D’après Al Akhbar, les membres de la commission voulaient notamment savoir si elle avait un projet de mariage. Ce à quoi elle a refusé, bien sûr, de répondre, mettant en cause la procédure de son interrogatoire. D’après elle, sa comparution devant cette commission n’est justifiée par aucun règlement ou loi interne de son parti.
Sans aller jusqu’à affirmer ouvertement avoir été victime d’un règlement de compte ou avoir été utilisée pour faire passer des messages et des positions entre les clans du parti, elle soutient néanmoins avoir été victime d’un acharnement de la part des membres de sa formation. Et c’est, souligne-t-elle, parce qu’elle est une femme qu’elle a dû subir un traitement différent de celui auquel aurait été soumis un homme.
Dans sa lettre ouverte, poursuit le journal, Maelainine a également évoqué la visite qu’elle a rendue à l’ancien secrétaire général, Abdelilah Benkirane. «J’ai essayé de lui expliquer le calvaire que je subissais, il m’a répondu que ce qu’il avait dû vivre lui aussi était difficile», explique-t-elle, faisant part, en même temps, de sa déception quant à la réaction du secrétaire général, au demeurant médecin psychiatre, lorsqu’elle s’en est remise à lui. C’est pour cela, dit-elle, qu’elle a décidé de tenir le parti à l’écart de cette affaire, affrontant toute seule son sort. Certes, elle a évoqué l’affaire devant Mustapha Ramid au tout début, mais après elle n’a plus voulu impliquer le parti.
Il n’en reste pas moins que le PJD, se désole-t-elle, a mal géré cette affaire depuis le début. Il est resté neutre au début, puis, à sa grande surprise, souligne-t-elle, la direction a décidé de rouvrir ce dossier et de la convoquer «sans comprendre les motivations politiques ou les procédures invoquées» , précise-t-elle. C’est ainsi qu’elle continue d’exiger du parti de lui expliquer le cadre légal selon lequel il se permet notamment de la questionner sur des aspects qui relèvent exclusivement de sa vie privée alors qu’elle n’a enfreint aucun de ses règlements écrits. Cela, tout en fermant les yeux par exemple sur une affaire similaire d’un autre dirigeant qu’elle n’a pas hésité à nommer, Mohamed Yatim en l’occurrence.