Le Secrétariat général du PJD a publié, dimanche 6 janvier, un communiqué suite à la réunion tenue, samedi dernier, par cette instance. Un conclave qui a eu lieu au moment même où la polémique suscitée par la députée Maelainine, vue sans son hijab à Paris, bat son plein. Fait révélateur, la direction du PJD n’a pas évoqué nommément le cas de sa militante et s’est contentée de rédiger un communiqué dans lequel elle parle de ce qu’elle appelle «les campagnes de dénigrement politique et médiatique contre le PJD à travers des attaques qui ciblent certains de ses militants».
Les membres du secrétariat général récusent ces «méthodes sordides qui démontrent l’incapacité de ceux qui les critiquent à affronter le parti sur le terrain de la concurrence politique loyale». Des campagnes, poursuit le communiqué, qui ne peuvent aucunement affecter la force du parti, ni sa cohésion intérieure et, encore moins, sa santé organisationnelle. Sauf que le communiqué comporte un paragraphe «miné» qui secoue les certitudes précitées en glissant sur le terrain de la moralité: «Toutes ces attaques n’empêcheront pas le parti de poursuivre son rôle de réformateur et sa participation à consolider les valeurs de probité, d’intégrité et de transparence».
Le quotidien Al Akhbar rapporte cependant, dans son édition du mardi 8 janvier, que le secrétariat général a décidé de faire le suivi de ces dossiers et de prendre les décisions qui s’imposent. D’autant que Maelainine a révélé, dans un message posté sur les réseaux sociaux, que des photos étaient parvenues aux ministres(PJD) et aux membres du SG, sans pour autant en divulguer la nature.
Quand la première photo de Maelainine posant sur la place du «Moulin rouge» à Paris a été publiée par Al Akhbar, les membres du PJD ont crié au scandale et dénoncé un «photomontage ». Mais ils n’ont pas pipé mot quand ce même journal a publié une autre photo de la députée apparaissant vêtue d’une robe sur la place Vendôme. Une photo qui a fait le buzz sur la Toile où les commentaires ont fusé pour dénoncer les contradictions entre les discours et les pratiques quotidiennes des membres du PJD. Ces derniers sont accusés d’avoir retourné leur veste dès qu’ils ont goûté au confort des fauteuils au Parlement et dans les ministères.
Lors de la réunion du secrétariat général du PJD, le patron du parti et chef du gouvernement, El Othmani, a exprimé ses inquiétudes sur les conséquences que pourraient avoir ces photos sur la position du parti. C’est ce qui ressort de la teneur du communiqué où il évoque le contexte politique, au Maroc et ailleurs, et ce qu’il représente comme opportunités et défis, appelant à «augmenter l’opérationnalité du parti en concrétisant, sur le terrain, les valeurs de la transparence et de l’intégrité. Il faut faire face aux campagnes systématiques des adversaires de la réforme et renforcer l’encadrement et le contact avec les militants et les citoyens». Il est quand même curieux qu’El Othmani demande aux dirigeants du parti d’adhérer totalement à cette opération, comme si leur adhésion était sujette à caution.
Le PJD compte tenir une session du Conseil national, le week end prochain, après que le secrétariat général aura étudié le projet du rapport politique et les noms des candidats à l’adhésion à cette instance. Le trésorier national, Abdelkader Amara, a présenté un rapport sur l’exécution du budget 2018, ainsi qu’un projet de budget 2019 qui a été approuvé par le Secrétariat général. Le conseil national devra certainement évoquer, lors de cette réunion, les scandales qui ont secoué le parti, ces derniers temps.
De son côté, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui traite du même sujet dans son édition du mardi 8 janvier, affirme que le PJD vit dans l’embarras, ses militants accumulant les affaires sensibles. Certains sont poursuivis en justice pour des affaires criminelles, comme c’est le cas pour Abdelali Hamieddine. D’autres sont empêtrées dans des affaires d’éthique, à l’instar du ministre du travail, Mohamed Yatim, et de la députée Amina Maelainine. Les dirigeants du parti, qui essaient de détourner l’attention en accusant leurs adversaires de les cibler politiquement, tiendront une session du conseil national le week-end prochain. Il est certain que l’ombre de ces affaires planera sur cette réunion.
Toujours est-il que certains estiment que le PJD a opté pour «la politique de la fuite en avant». Car, au lieu d’accuser ses adversaires de le cibler dans l’affaire de Hamieddine, il aurait mieux fait d'accepter les décisions de la justice, en s’abstenant de faire pression sur cette institution. Les mêmes adversaires du parti de la Lampe rappellent que le PJD avait essayé d’exploiter, politiquement, l’affaire Yatim pour contrer ses détracteurs. Mais ses dirigeants ont été surpris par un communiqué du Mouvement de l'Unicité et de la Réforme (L’aile idéologique du PJD), qui dénonce les photos du ministre du travail à Paris. Le parti islamiste est tombé dans le même piège dans l’affaire de la députée Maelainine. Car, au lieu de porter l’affaire en justice pour ce qu’il appelle un «photomontage», il a suivi la logique de la politisation avec laquelle il a géré les autres dossiers embarrassants.