Le Mouvement unicité et réforme revient au devant de l’actualité, mais cette fois à travers une affaire tout au moins contradictoire avec ses fervents prêches moralisateurs et ses fatwas anathémisantes lancées à tout va. Moulay Omar Benhammad et Fatima Nejjar, respectivement 2e et 3e vice-présidents du Mouvement unicité et réforme, ont été arrêtés samedi dernier en flagrant délit d’adultère, à côté de l’une des plages de Mohammédia, se mettant et mettant aussi «dans de beaux draps» le mouvement dont ils se revendiquent et dont ils partagent la direction avec Abderrahim Cheikhi, président du MUR.
Le scandale est tel que le bureau dirigeant de cette association, matrice idéologique du parti au pouvoir Parti de la justice et du développement), a dû couper le cordon ombilical avec les deux «amants», l’un père de famille et l’autre, veuve et mère de six enfants.
Cette affaire met en évidence une crise de valeurs au sein de ce mouvement, celles-là mêmes qu’il prétend défendre et qu'il n’a eu de cesse de claironner sur tous les toits depuis sa fondation en 1996 à l’initiative d’Ahmed Rissouni (adjoint à Youssef Al-Qaradoui, président de l’Union mondiale des Oulémas sunnites, et Abdelilah Benkirane (chef de gouvernement et du PJD).
Né d’une fusion de deux associations: la Ligue de l’avenir islamique et Réforme et renouveau, le Mouvement unicité et réforme se définit comme «une association à caractère religieux et caritatif».
Une «revendication» qui cache mal les liens avérés que tisse ce mouvement avec le PJD, dont la majorité des membres ont fait leurs «classes» au sein du MUR, entre autres Mustapha El Khalfi (ministre de la Communication), Bassima Hakkaoui (ministre chargée de la Famille), Mohamed Yatim (ex-patron du Syndicat national des travailleurs marocains (SNTM), bras syndical du PJD).
Un mouvement qui n’en finit pas d’alimenter le PJD en «cadres», et pas seulement. Bien plus qu’une «association à caractère religieux et caritatif», le MUR, comme l’a bien souligné ce militant du «peuple de gauche», est «porteur d’un projet de société que défendent les islamistes aujourd’hui au pouvoir».
Il n’est qu’à méditer pour s’en apercevoir sur ces affinités «idéologiques» entre le MUR et le PJD quand il s’agit de prendre position pour ou contre un phénomène de société, revendiquant le même schéma de "valeurs" mais qui a souvent peu engagé une société en pleine mutation et ouvertement acquise aux valeurs du progrès et du changement.
Passons sur l’esclandre provoqué autour de la réforme du Code de la famille, la marche organisée par le PJD et à grand renfort de militants du MUR, à Casablanca, pour s’opposer à cette réforme dont le «tort» était de revendiquer simplement l’équité Homme-Femme. Le PJD, épaulé par son bras idéologique (MUR), ont organisé une bataille acharnée contre toute forme d’expression culturelle et artistique. Et puisque qu’il s’agit d’Elle, il vient tout de suite à l’esprit cet épisode violent de la campagne contre le film «Femmes… et Femmes» de Saâd Chraïbi, pour ne pas parler de «Une minute de silence en moins» de Nabyl Ayouch vivement attaqué pour une séquence de «nu» sans que les auteurs de cette attaque n’aient daigné d’abord voir le film !
On vous fait grâce de ces «faits d’armes», nombreux, accumulés par les gardiens autoproclamés de la morale, contre les festivals où il n’ont rien vu d’autre que «l’œuvre du diable»!, un «lieu de débauche»!, entre autres joyeusetés! Les «instituts culturels étrangers», dont l’Institut français (IF), n’ont pas échappé à cette volée de bois vert islamiste, dont la production souvent considérée comme «instrument de perversion de la jeunesse marocaine»!
Mais que vaut un "péché de jeunesse" face à la dérive de deux "sages" du MUR? Qui a dit que les discours cachent souvent des pratiques peu amènes?