Le roi Juan Carlos d’Espagne entame lundi une visite de travail de deux jours au Maroc où la nécessité de renforcer le partenariat économique, politique et autres dominera les entretiens entre les deux chefs d’Etats liés par une relation "d’amitié solide et profonde", estiment les observateurs. Le roi d’Espagne consacre son premier déplacement à l’étranger au Maroc après son opération chirurgicale en mars au dos, une marque de considération envers le voisin du sud. Ce voyage officiel au Maroc avait été reporté en raison de ce contretemps. Le souverain espagnol sera accompagné d’une cinquantaine de personnes dont cinq ministres et 27 chefs d’entreprises espagnoles.
Parmi ces derniers, figurent les patrons des sociétés "Acciona" et "Abengoa" qui ont des relations d’affaires en énergies renouvelables dans le royaume. Le Maroc s’est doté d’une forte et ambitieuse stratégie en matière d’énergies qui intéresse fortement de nombreux partenaires étrangers dont l’Espagne. Le patronat espagnol mise également sur le Maroc car "Il existe un énorme potentiel de croissance dans ce pays", a souligné la presse espagnole à la veille de cette visite". "Le gouvernement sera mobilisé pour que cette visite du roi Juan Carlos réussisse", a déclaré pour sa part le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a quant à lui souligné que l’Espagne "apprécie énormément l’appel de SM le roi Mohammed VI à soutenir ce pays voisin dans la conjoncture difficile de la crise économique que traverse l’Espagne".
Le Maroc et l'Espagne ont toujours su maintenir le dialogue
"L'internationalisation de nos entreprises est un élément important pour atténuer les effets négatifs de la crise et renouer avec la croissance. Les relations économiques avec le Maroc représentent un exemple éloquent dans ce sens", a insisté le chef de la diplomatie espagnole, qualifiant d'"excellents" les liens économiques entre les deux pays. "Aux relations politiques, économiques, socio-culturelles historiques et riches, s'ajoute la volonté partagée d'édifier un partenariat stratégique" entre les deux pays voisins, s'est réjoui le ministre espagnol, soulignant que pour atteindre cet objectif, les deux pays oeuvrent conjointement sur le plan bilatéral et dans plusieurs forums (UE, UpM, ONU, etc) et ce, dans le but d'intensifier cette relation.
De son côté, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, a estimé que cette visite permettra notamment d’étudier "de nouvelles perspectives de coopération" basées sur des partenariats innovants et de tirer profit des complémentarités et des opportunités d’affaires" entre les deux pays. "En dépit des moments parfois mouvementés qu’ont traversé les relations bilatérales, a-t-il dit, le Maroc et l'Espagne ont toujours su maintenir le dialogue, préserver la confiance mutuelle, et tendre de nouveaux ponts pour une coopération fructueuse et ambitieuse". Quelques 800 entreprises espagnoles sont installées au Maroc.
Point noir dans les relations commerciales bilatérales, la balance entre le Maroc et l'Espagne a été déficitaire en 2012 au détriment du royaume, en passant d'environ 7,31 milliards de dirhams en 2011 à près de 20,35 milliards 2012, soit une aggravation de 178,38%, selon les chiffres officiels. Les importations du Maroc de l'Espagne sont passées de 39,26 milliards 2011 à 50,87 milliards en 2012, soit une augmentation de 30%, alors que ses exportations vers ce pays ont enregistré une baisse de 4% en 2012 (30,52 milliards de dirhams en 2012 contre 31 milliards en 2011). Le Maroc achète une diversité de produits de l'Espagne notamment le gaz-oils et fuel-oils, l'énergie électrique, les produits en cuivres ainsi que des matières chimiques. Les exportations marocaines sont constituées notamment de textile, de produits de la mer, d’articles de bonneterie et de produits agro-alimentaires.