La lettre adressée par Pedro Sánchez au Roi Mohammed VI reconnaissant «l'importance de la question du Sahara pour le Maroc», et considérant l'initiative marocaine d'autonomie, comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour la résolution de ce conflit constitue une véritable étape politique, un moment historique et un tournant dans les relations entre les deux pays, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 21 mars.
L'Espagne, en tant qu'ancienne puissance colonisatrice, connaît l'histoire et est consciente du fait que le Maroc s’était farouchement opposé au projet du général Franco visant à créer un État fantoche au Sahara. Madrid est également consciente du fait qu'elle n'a pas colonisé une «terra nullius», mais un territoire dont la population était liée à la monarchie marocaine par les liens de la «Baïa» (Allégeance).
Aujourd'hui, poursuit le quotidien reprenant une tribune publiée par son directeur dans le journal espagnol, La Razon, le monde traverse un moment délicat où il semble que des valeurs et des principes, inconditionnellement assumés jusqu'à présent, soient remis en question. La réalpolitique reprend le dessus. Les relations hispano-marocaines étant fondamentales en termes géostratégiques mondiaux, mais également essentielles pour l'Europe et essentielles pour l'Afrique doivent rester l'axe de cette vision réaliste.
Les relations entre Rabat et Madrid, poursuit la même source, ont la particularité d'être stables depuis des décennies. Des relations aussi profondes et diversifiées entre les deux pays ne peuvent donc s'inscrire que dans la pérennité imposée par la géographie et l'histoire. L'axe Rabat-Madrid est de ce fait devenu un axe structurant des relations entre le Nord et le Sud de la Méditerranée.
Naturellement, ce tournant dans les relations entre les deux pays n’a pas manqué d’irriter nos voisins de l’Est. Selon le quotidien Assabah qui aborde également ce sujet dans son édition du même jour, choquée par l’annonce du gouvernement espagnole, l’Algérie s’est empressée d’appeler son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat. Très étonnée et surprise par ce brusque revirement de position de l'ex-puissance administrante du Sahara, poursuit le quotidien, l’Algérie ne comprend toujours pas comment ce pays qu’elle fournit en gaz à des prix préférentiels, a pris cette décision de reconnaître implicitement la marocanité du Sahara.
N'empêche, souligne le quotidien, cette décision espagnole a été largement saluée au niveau mondial. Évoquant en ce sens la position exprimée par le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, Assabah a relevé que ce dernier a salué la nouvelle approche espagnole tout soulignant que la proposition d'autonomie reste la solution la plus réaliste à ce conflit.
De son côté, poursuit le quotidien, l’ancien Premier ministre français, Manuel Valls, a relevé que le gouvernement de Pedro Sánchez opère un virage surprenant, bienvenu et stratégique en considérant l'initiative d'autonomie de Rabat pour le Sahara comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible. Il a souligné, de même, qu’«il était urgent de rétablir une relation constructive avec le Maroc».
Dans son édition du même jour, le quotidien Al Akhbar est revenu largement, à son tour, sur cet événement qu’il qualifie d’historique. En évoquant les réactions internationales largement favorables à cette nouvelle position espagnole sur la question du Sahara, le quotidien a également mis en avant les réactions positives, dans leur ensemble, suscitées par cette décision au sein de la classe politique espagnole.