Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ne manque aucune occasion de mettre en exergue la profondeur des relations qu’entretiennent son pays et le Maroc. Sauf que la réalité démontre qu’il a échoué à préserver la qualité de ces relations, à tous les niveaux. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte ainsi, dans son édition du mercredi 28 avril, que les relations entre les deux pays ne peuvent se détériorer plus qu’elles ne le sont aujourd’hui. Autant dire que les deux pays sont condamnés à s’entendre, sachant que les intérêts des deux peuples exigent une entente pérenne à condition, bien sûr, que l’Espagne change d’attitude envers son «partenaire privilégié». Malheureusement le gouvernement Sanchez a choisi l’inertie, voire une neutralité passive, dans sa position sur l’affaire du Sahara marocain.
Pourtant, depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara, les diplomaties européennes ont agi, en coulisses ou publiquement, pour faire pression sur leurs gouvernements afin qu’ils adoptent le plan d’autonomie. Par contre, l’Espagne, ancienne puissance coloniale dans la région, a affiché un silence assourdissant à ce sujet. Pourtant, ses dirigeants savent très bien que le Maroc avait refusé le projet de Franco de créer un micro-Etat dans le Sahara, bien avant la création du Polisario. Madrid sait très bien, aussi, qu’il n’avait pas colonisé une terra nullius et que les habitants du Sahara avaient vécu des siècles sous les auspices de l’institution royale, via le lien d’allégeance.
L’éditorialiste du quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que le Premier ministre espagnol n’a pas pu lever le petit doigt à cause d’un allié embarrassant, en l’occurrence le parti de la gauche radicale Podemos. C’est une réalité politique qui a parfois contraint Pedro Sanchez à se voiler la face, quitte à aller à contre-courant de la politique qu’il prône, voire de la logique tout court. C’est ainsi que personne n’a compris pourquoi le gouvernement espagnol a accepté d’accueillir Brahim Ghali, sachant qu’il était muni d’un faux passeport algérien, en violation de la loi et de l’Etat de droit. Pis encore les autorités espagnoles savaient que le polisarien sanguinaire avait été convoqué, le 19 novembre 2016, par la justice de leur pays pour répondre d’accusations graves de génocide, torture, viol, séquestration et terrorisme.
Il s’agit donc d’un précédent gravissime qui porte atteinte à la crédibilité du gouvernement et nuit à l’image de l’institution judiciaire espagnole. Autant dire que Sanchez ne s’en sort pas glorifié et devra répondre aux interrogations de l’opinion publique espagnole sur ce scandale politico-judiciaire. Une incurie qui nourrit, par ailleurs, les mouvements extrémistes et nuit terriblement aux relations de coopération qui lient les services de sécurité des deux pays. Une coopération qui a permis de déjouer plusieurs attentats terroristes en Espagne, ce dont tout le monde se rappelle encore, excepté le Premier ministre Pedro Sanchez.