La prospection pétrolière pourrait être à la source d’une nouvelle crise entre le Maroc et l’Espagne. Selon Al Massae, daté de ce lundi 16 mars, la diplomatie marocaine s’est activée dernièrement pour barrer la route à une initiative espagnole à l’ONU visant à obtenir l’extension des eaux territoriales des Îles Canaries. Le Maroc, explique Al Massae, s’est opposé à cette requête espagnole, arguant qu’elle concernait les frontières maritimes des deux pays qui, d’ailleurs, n’ont pas encore été délimitées. La requête espagnole risque de ce fait de déboucher sur une crise sans précédent dans les relations entre Rabat et Madrid, surtout que Paulino Rivero, président du gouvernement autonome canarien, est connu pour ses positions sur le tracé des frontières maritimes. Selon des analystes interviewés par le journal, cette crise est d’autant plus à craindre que l’Espagne compte remettre sa requête sur le tapis en juillet prochain, son objectif étant d’étendre ses frontières maritimes et de pouvoir prospecter sur une large zone dépassant 296.000 km2. Mais le jour «J», il faudra à Madrid convaincre la Commission des limites du plateau continental relevant de l’ONU. Sur le terrain, le voisin ibérique veut imposer le fait accompli: le navire-plateforme «Rowan Renaissance», appartenant à la compagnie Repsol, a commencé les prospections pétrolières à 50 km de l’archipel canarien, non loin des îles Lanzarote et Fuera Ventura. Et ce malgré l’opposition du Maroc, du moment qu'il n’existe aucun tracé des frontières maritimes entre les deux pays. Côté marocain, Rabat considère que la zone convoitée par l’Espagne fait partie de sa zone économique exclusive selon le droit de la mer instauré par l’ONU et permettant aux pays qui en bénéficient d’exploiter les richesses maritimes sur une superficie s’étendant sur 200 miles nautiques de leurs terres.
Un voisin boulimiqueLa prospection pétrolière au large de l’archipel canarien a déjà donné lieu à une grande tension entre Rabat et Madrid en 2001. Mais, depuis cette date, les deux pays ne sont parvenus à aucun accord sur la question, l’Espagne campant sur des positions qui vont à l’encontre de l’intégrité territoriale du Maroc. En effet, le principal argument avancé par Madrid est que le Maroc n’exerce pas de souveraineté sur le Sahara et, de ce fait, ne saurait prétendre à des frontières maritimes dans cette zone. Et, pour ne rien arranger, le Maroc a annoncé l’année dernière la découverte de quantités d’hydrocarbures au large de Tarfaya, à plus de 2.100 mètres de profondeur. Sauf qu’il s’agit de pétrole lourd difficilement exploitable. Mais cela a suffi à aiguiser les appétits démesurés du voisin du Nord qui revient à la charge sur ce dossier très épineux.