Ceux qui s’échinaient à mettre en doute le projet de gazoduc transafricain entre le Maroc et le Nigeria vont broyer du noir. La visite de deux jours qu’effectue au Maroc le président nigérian, Muhammadu Buhari, à l’invitation du roi Mohammed VI, tord le cou à leurs tirades soupçonneuses débitées depuis que les deux grands leaders africains se sont mis d’accord, le 3 décembre 2016, à Abuja, pour mettre à l’étude la construction d’un méga projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc.
En effet, Rabat et Abuja viennent de donner un nouveau coup d’accélérateur à ce projet transafricain en signant, hier soir (10 juin) au palais royal de Rabat, un accord de coopération relatif à la construction de ce «pont gazier» qui devrait relier le Nigeria et le Maroc, à travers l'Afrique de l’Ouest.
Un nouveau pas, un de plus, est ainsi franchi dans la concrétisation de ce «projet du siècle» qui permettra, à terme, d’approvisionner en gaz non seulement les pays d’Afrique de l’Ouest, mais également l’Europe du Sud, restée longtemps dépendante du gaz (et du chantage!) algérien.
«Ce projet structurant est attractif non seulement pour l’Afrique de l’Ouest, il l’est aussi pour l’Europe du Sud, notamment l’Espagne et la France», affirme à le360 un diplomate marocain, estimant que le projet a toutes les chances de réussir. "Le Maroc et le Nigeria avaient deux options sur la table pour concrétiser le projet: la voie terrestre et la voie maritime. Pour annihiler tout obstacle de quelque nature que ce soit susceptible d'entraver le projet, ils se sont résolus à mixer les deux options", indique cet ancien cadre du MAECI.
"Ce projet structurant fait suite à l’échec de celui du voisin de l'Est», assène-t-il, pointant du doigt le fameux «Transaharien Nigeria-Algérie» qui, faute de volonté politique, n’a jamais pu être concrétisé, ses promoteurs n’étant jamais parvenus à le sortir des cartons! Et ce n’est pas tout! Les dirigeants voisins, passés maîtres-chanteurs en la matière, risquent d’avoir d’autres mauvaises surprises. "Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria sera également une solution de rechange pour le Maroc à la redevance en nature perçue sur le contrat de passage du gaz algérien, via le Maroc, et qui arrive à échéance en novembre 2021", explique cet autre spécialiste des relations algéro-marocaines.
Au-delà des retombées économiques…Avec le projet de gazoduc Maroc-Nigéria, Rabat aura planté un nouveau clou au désormais défunt "axe Alger-Abuja-Pretoria", créé sous instigation notamment algérienne pour tenter de nuire aux intérêts supérieurs du Maroc, à leur tête l’intégrité territoriale du Royaume. Souvenez-vous: le 28 octobre 2013, le président Bouteflika avait choisi la capitale nigériane pour balancer un discours d’une hostilité jusque-là inédite envers le Maroc, particulièrement sur le dossier du Sahara marocain. Le discours adressé par ce président invalide, aux participants à une soi-disant ''conférence africaine de solidarité avec la cause sahraouie'', dévoilait ainsi le vrai visage de la politique algérienne, très malintentionnée envers son voisin de l’Ouest, le Maroc.
Mais passons, car l’enjeu est ailleurs. «Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria renforce la demande d’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO)», estime le diplomate Ahmed Fawzi, relevant que ce projet intervient sur fond de progrès indéniables réalisés par l’Etat marocain et le secteur privé marocain à travers le continent africain. «Ce projet va créer une synergie régionale et certainement diminuer les tensions interafricaines», souligne-t-il, en saluant le bien-fondé de la vision royale pour l’Afrique et de la coopération Sud-Sud, basée sur le principe gagnant-gagnant. Une vision qui consacre le leadership marocain sur un continent africain aux potentialités énormes et qui est considéré désormais comme l'avenir de la croissance mondiale.