De son enfance dans la capitale du Détroit à son retrait de la vie politique en 2003, en passant par les épisodes du mouvement national, des premières heures de l’aube de l’Indépendance, de ses liens avec feu Mehdi Ben Barka, de l’opposition au régime, de la prise des commandes de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), du gouvernement de l’Alternance et de la transition du Trône de feu Hassan II au roi Mohammed VI: tout le parcours de l’ancien premier ministre du gouvernement de l’Alternance, Abderrahmane Youssoufi, est retracé dans son ouvrage qui sera rendu officiellement public à l’occasion de son 94ème anniversaire, le jeudi 8 mars 2018.
Si certains éléments du riche parcours politique et patriotique de ce grand homme politique ont déjà été publiés, force est de constater que cette initiative de son compagnon de lutte et de route sous l’ère de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), M’barek Bouderka, lève le voile pour la première fois sur certains épisodes du gouvernement de l’Alternance, du pacte scellé entre l’ancien premier ministre du gouvernement de l’Alternance et feu Hassan II, de ses relations avec l’ancien ministre de l’Intérieur, feu Driss Basri et le roi Mohammed VI.
Ainsi, écrit Youssoufi, le mercredi 4 février 1998, il avait été reçu par feu le roi Hassan II qui l’a alors nommé premier ministre, en lui donnant le feu vert pour le choix de son gouvernement. «Je respecte en toi tes compétences et ta fidélité et je sais très bien, depuis l’indépendance, que tu ne cours pas après les postes; bien plus, tu les repousses, mais nous affrontons une étape décisive de notre pays qui exige de nous, tous, plus d’efforts et de sacrifices pour aller de l’avant», avait dit feu Hassan II à l’adresse de Youssoufi, juste après sa nomination, rapporte le quotidien Al Ahdath dans son édition de ce mardi 6 mars.
Pour la formation du gouvernement, feu Hassan II, révèle Youssoufi, lui avait conseillé de maintenir l’ancien ministre de l’Intérieur, feu Driss Basri, à son poste et de confier à l’ancien premier ministre, Abdellatif Filali, le portefeuille des Affaires étrangères, puisque les Nations Unies comptaient, à cette époque, organiser un référendum au Sahara marocain et que les deux hommes avaient travaillé sur ce dossier durant une quinzaine d’années. Après avoir mis au point cette structure du gouvernement d’Alternance, feu Hassan II a demandé à Youssoufi de «s’engager, devant le livre du saint Coran sur le bureau du souverain, à travailler ensemble pour l’intérêt général du pays et de se soutenir mutuellement». Le pacte est désormais scellé entre les deux hommes, pour servir le pays et le peuple.
C’est ainsi qu’a démarré le chantier de l’Alternance, sur la base de cette charte qui a également servi de base pour assurer la transition du Trône de feu Hassan II au roi Mohammed VI. «Le vendredi 23 juillet 1999, au moment où j’attendais les hautes instructions du roi pour mettre au point le planning du travail de la semaine, j’apprenais que Sa Majesté était à l’hôpital… Immédiatement, je me suis rendu au pavillon où Sa Majesté était hospitalisée, c’était un jour très difficile…. Après la prière d’Al Asr, le roi Mohammed VI, alors prince héritier, m’a appelé pour me dire que Sa Majesté était dans un état critique et qu’il ne nous restait qu’à prier pour lui…. Juste après, je reçus un autre appel du roi Mohammed VI, annonçant que le roi Hassan II avait tiré sa révérence»….
Evidemment, rappelle Youssoufi, le roi Mohammed VI lui avait donné ses instructions pour l’organisation des funérailles, l’accueil des invités du Maroc, les protocoles de la signature de l’acte de l’allégeance. Ainsi, la transition a été assurée et le gouvernement de l’Alternance a achevé son mandat constitutionnel avec l’organisation des élections législatives de 2002. Ces éléctions ont été remportées par l’Union socialistes des forces populaires (USFP), mais l’état de santé de Youssoufi ne lui permettait pas de rempiler. Une année plus tard, il s’est retiré définitivement de la vie politique.