Le président du Rassemblement National des Indépendants (RNI), n’a pas mâché ses mots ce mardi 21 mai. Salaheddine Mezouar a annoncé la préférence de son parti de l’opposition pour l’organisation d’élections législatives anticipées pour sortir le pays de la crise née de la décision de l’Istiqlal de quitter la coalition gouvernementale.
"C’est un scénario qui ne fait pas peur au RNI car, depuis les élections de 2011, la donne a beaucoup changé", a déclaré Mezouar lors du forum organisé par l’Agence Maghreb Arabe presse (MAP). "L’échec de maintenir la coalition doit conduire logiquement à la démission du gouvernement et l’organisation d’élections anticipées", a-t-il affirmé avant d’appeler le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane à "assumer sa responsabilité pour éviter que la crise de la majorité ne devienne une crise politique". Elections anticipées, le mot est lâché, et il s’agit pour Salaheddine Mezouar d’une sérieuse option sur la table.
Elections anticipées, oui mais…
"Il vaut mieux aller aux élections anticipées bien que le budget de l’Etat en pâtira, sachant que des dépenses se situeraient entre 600 à 800 millions de dirhams. Ces dépenses ne constitueront pas un obstacle tant que la recherche d’une nouvelle carte politique claire et homogène est plus importante", a affirmé en substance le patron du RNI. "La démocratie n’a pas de prix et la nécessité de dénouer la crise justifie le coût d’élections anticipées", a-t-il expliqué. En clair, ce dernier veut dire que le gouvernement de Abdelillah Benkirane a échoué sur tous les plans.
Salaheddine Mezouar a cité en particulier "l’aggravation de la crise économique et l’absence d’adaptation des lois à la nouvelle Constitution". "Contrairement à ce qui se dit, si de nouvelles élections devraient avoir lieu en ce moment, il (PJD, ndlr) n’est pas totalement assuré de les remporter. Oui, le RNI veut devenir le patron du gouvernement. Oui il veut diriger, je ne vous dirai pas le contraire, c’est notre ambition", a-t-il martelé.
Un fauteuil pour… tous
A cette occasion, Mezouar n’a à aucun moment critiqué la décision de l’Istiqlal de sortir du gouvernement. Dans son réquisitoire, selon l’expression d’un observateur, Salaheddine Mezouar a en revanche tiré à boulets rouges sur Benkirane et son gouvernement. "Nous savons qu’il allait échouer dès le départ. Le gouvernement n’est pas homogène, il y a actuellement une crise de direction du gouvernement. Il n’y a pas un esprit d’alliance, il y a une dominance d’esprit de parti unique. Le rejet systématique (par Benkirane, ndlr) de l’opinion de l’autre est une vraie problématique". "L’Istiqlal a le droit de revendiquer une réadaptation au sein du gouvernement sachant qu’une nouvelle direction s’est récemment installée à sa tête. Ignorer ses appels a été une attitude grave", a-t-il estimé.
Pour sa part, l’Istiqlal n’a pas été à l’abri des critiques acerbes. Dans les milieux politiques marocains, on estime que le parti a "très mal choisi" la conjoncture par laquelle passe le pays en prenant le risque de "faire exploser la cohésion gouvernementale".
Les dernières sorties incendiaires de son secrétaire général Hamid Chabat, contre des membres du gouvernement ont fait partie du lot des critiques. Ses propos ont été jugés "d’inacceptables et d’inappropriées", dans ces milieux.
Revenant à la charge, Salaheddine Mezouar a estimé que Benkirane, sans le citer, agissait en "l’absence d’une logique de l’Etat. Tout esprit critique est interprété (par le chef du gouvernement et son parti, ndlr) comme étant une source de tension et de discorde".
Pas de RNI dans la majorité !
Le patron du RNI a écarté toute possibilité que son parti puisse faire partie de la coalition gouvernementale et ce dans le cas d’une démission effective des six ministres istiqlaliens. "Nous ne voulons pas jouer la cinquième roue de secours. La situation politique a changé, nous voulons jouer notre vrai rôle d’opposition et d’acteur et ce dans le cadre de la nouvelle Constitution et d’un Etat démocratique", a souligné Mezouar. En bon basketteur qu’il était par le passé, Mezouar a bondi sur le ballon au siège de la MAP en s’arrêtant longuement sur sa préférence, celles des élections anticipées, un des trois scénarios plausibles pour sortir de la crise intergouvernementale.
S’adressant à l’assistance, il a déclaré sans sourciller: "je vous défie de me citer un seul projet de taille qu’a réussi le gouvernement" Benkirane. Mais, les élections anticipées comme les veut Mezouar apporteront-elles des solutions adéquates aux pays ? C’est la question d’actualité qui reste encore sans réponse.