La ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’habitat, Nouzha Bouchareb, a procédé à une véritable purge à la tête des directions de son département. La révocation de plusieurs chefs de département, dont certains sont des dirigeants du PJD et du PPS, ressemble à une liquidation de l’héritage laissé par l’ex-chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane et l’ex-ministre de l’Habitat, Nabil Benabdellah. Selon certaines sources, la façon dont ces responsables ont été limogés et remplacés a été vue comme un règlement de compte politique. En tout cas, précisent les mêmes sources, ce mouvement n’a rien d’une mise à niveau d’un secteur qui souffre de la bureaucratie et de la mauvaise gestion de certains dossiers en suspens.
Ces dysfonctionnements seraient liés à la faiblesse des prérogatives de ce ministère par rapport à celles accordées à d’autres secteurs chargés de la gestion territoriale, avec à leur tête le ministère de l’Intérieur. D'où le retard pris dans le programme «Villes sans bidonvilles» qui a coûté la bagatelle de 32 milliards de dirhams, sans pour autant parvenir à juguler ce fléau. Pis encore, plusieurs cités anarchiques ont poussé dans les banlieues des villes. Ces cités privées d’eau potable, d’électricité et de réseau d’assainissement, enregistrent une forte densité de population.
Dans son édition du lundi 20 janvier, le quotidien Assabah rapporte que, parmi les responsables limogés par Nouzha Bouchareb, on trouve l’inspecteur général du ministère et membre du bureau politique du PPS, Bakrim Taj, ainsi que Hicham Baraâ, directeur de la politique de la ville. Le dirigeant du MUR, Mohamed Hilali, qui était à la tête de la direction des affaires juridiques, a également été débarqué après avoir été défendu par Benkirane et parrainé par Benabdellah. La direction des ressources humaines a été déclarée vacante après la révocation de son détenteur, Toufik Laalaj.
Du coup, ces responsables seront remplacés par des proches de la ministre puisqu’on parle de l’arrivée massive de Harakis (militants MP) qui disposent, dit-on, des compétences requises pour occuper ces postes. Selon un dirigeant du MP, le remplacement des directeurs par les ministres est une décision ordinaire. En revanche, ce qui ne l’est pas, ajoute-t-il, c’est que ce vaste mouvement soit effectué aussi massivement par la ministre de l'Habitat. Cela ressemble à un règlement de compte qui, poursuit le même intervenant, pourrait pousser les ministres affiliés à d’autres partis à lui rendre la pareille en limogeant les responsables harakis.