Minurso: pourquoi le Maroc a décidé l’expulsion de deux casques bleus

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Réagissant à la décision du Maroc d’expulser deux casques bleus, l’ONU l'a accusé, ce lundi, par la voix de son porte-parole Farhan Haq, de «viser directement la composante militaire de la Minurso». Fausse accusation, vrais enjeux.

Le 21/03/2016 à 19h35

Nouveaux développements dans la crise entre les autorités marocaines et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Après l’annonce de l’expulsion de deux casques bleus, en service à Dakhla, l’on apprend que le Maroc vient également de saisir l’ONU pour la fermeture du bureau de liaison de sa mission au Sahara (Minurso) dans cette même ville.

Face à ces deux développements, le SG de l’ONU, via son porte-parole adjoint Farhan Haq, a accusé le Maroc, lors de son point de presse quotidien, de franchir un nouveau palier dans l’escalade avec l’institution onusienne. «C’est la première demande visant directement la composante militaire de la Minurso», constate l’adjoint au porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric, qui a passé sous silence les mobiles de cette nouvelle mesure de rétorsion prise par les autorités marocaines. Donc, c'est encore et toujours l'entourage de M. Ban qui essaie de mettre de l'huile au feu, en cherchant par tous les moyens à transformer la faute du SG de l'ONU en bravade du Maroc contre l'ONU. Cette sortie de Farhan Haq intervient après le déjeuner informel du SG de l'ONU avec les membres du Conseil de sécurité. Ce qui porte à croire que M. Ban n'a pas reconsidéré sa position sur le Maroc et campe sur la même intransigeance qui a caractérisé ses sorties antérieures.

A toutes fins utiles, il faut préciser que la décision d’expulser les deux casques bleus de la Minurso «ne vise pas directement la composante militaire de la Minurso», comme s’est employé à le faire croire Farhan Haq. La décision marocaine se justifie par le fait que les deux casques bleus, comme l’a révélé à Le360 une source proche de la partie marocaine chargée de la coordination avec la Minurso, ont dévié de la mission qui leur est dévolue en se décrétant «avocats de la thèse séparatiste» dans les provinces sahariennes.

En effet, l’on imagine mal comment des casques bleus chargés de veiller sur le strict respect de l’accord de cessez-le-feu peuvent s'autoriser de rameuter des séparatistes téléguidés à partir de Tindouf pour fomenter des troubles dans les provinces du sud. De quel droit ces deux militaires onusiens peuvent-ils se permettre de violer l’engagement pour lequel ils ont prêté serment et se livrer à des actes politiciens qui plus sont hostiles au pays où ils vivent des vacances dorées aux frais de leurs hôtes marocains ?

Par Ziad Alami
Le 21/03/2016 à 19h35