Les dirigeants de la majorité ont adressé une lettre au chef du gouvernement après le désaccord qui a éclaté au cours de la présentation par ce dernier de ce qu’il a appelé la «Vision du gouvernement sur le nouveau modèle de développement». Juste après ce message, qui dénonce cette démarche unilatérale, les partis ont successivement commencé à donner leur propre vision sur ce dossier.
C’est ainsi que le RNI a présenté sa proposition dans une note spéciale qu’il a adressée, par la suite, au cabinet royal. Le premier secrétaire de l’USFP a révélé qu’il a transmis son mémorandum au roi Mohammed VI depuis deux semaines. La séance extraordinaire, qui s’est tenue en dehors du conseil du gouvernement, a été émaillée par un débat très houleux. La majorité gouvernementale a refusé l’exposé du chef du gouvernement sur la soi-disant contribution du gouvernement au nouveau modèle de développement. Plusieurs ministres se sont retirés de la commission chargée de compiler les propositions sectorielles des composantes de la coalition. Finalement, les leaders de la majorité ont fini par désamorcer la crise en optant pour l’élaboration, par chaque parti, de sa note sur la «Vision».
La quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 1er mars, que le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, a déclaré que son parti a terminé l’élaboration de la proposition relative au nouveau modèle de développement demandée par le roi. Ce draft, ajoute Lachgar, est le fruit d’un grand débat lancé au sein du parti depuis l’appel royal. Le parti, poursuit le patron de l’USFP, a organisé plusieurs séminaires thématiques ponctués par une importante synthèse. Le plus important de ces colloques s’est déroulé dans la ville Skhirat en présence de plusieurs experts internationaux et de dirigeants comme l’ex-chef du gouvernement espagnol, José Rodriguez Zapatero. Une source du parti de la rose a indiqué que l’essence de cette note est fondée sur la priorité donnée à la justice sociale et spatiale que prône l’USFP depuis des lustres. La même source rappelle le contenu du rapport politique du huitième congrès national qui a appelé à l’élaboration d’une nouvelle vision du modèle de développement.
Ce faisant, les partis de la majorité ont contourné le moule dans lequel le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani a essayé de cantonner la vision de la majorité. En effet, plusieurs voix se sont élevées lors de la présentation d’El Othmani au cours du conseil du gouvernement. Les contestataires lui ont rappelé que le sujet consiste à exposer ce que serait le Maroc dans l’avenir. Quant au gouvernement, ajoutent-ils, il doit exécuter les programmes retenus lors de la constitution de la coalition actuelle. Une coalition qui rappelle à El Othmani qu’aucune partie ne doit monopoliser la «Vision» au nom du gouvernement car sa pérennité n’est pas assurée pour exécuter cet important projet.
Après la présentation des propositions du RNI et de l’USFP, il est clair que l’élaboration d’une vision commune est devenue de plus en plus improbable. Le premier secrétaire de l’USFP en est plus que convaincu quand il affirme: «Il est impossible que la majorité présente un mémorandum commun car nos références sont différentes. Nous sommes un parti progressiste et démocratique qui cherche à aller de l’avant quand certains essayent de nous faire revenir en arrière, aux origines». Et de préciser: «La seule chose qui unit la majorité est un consensus sur un programme gouvernemental. Il est donc impossible de se mettre d’accord sur un projet de l’envergure du modèle de développement sans que l’on fasse des concessions».
Le RNI a annoncé avoir transmis au cabinet royal sa note sur le nouveau modèle de développement en la présentant comme un «résumé de la voie de la confiance». Le livre «La voie de la confiance au service du modèle de développement» a été publié par le parti de la colombe en mars dernier. Il comprend trois parties: «La voie de l’indépendance», «Une chance pour tous» et «La voie de la confiance: nous la construisons ensemble». L’annonce par le parti de la présentation de la note au roi Mohammed VI a été faite par le biais d’un communiqué de son bureau politique lors d’une réunion qu’il a tenue dans la ville de Dakhla.