Voici le texte intégral de l'interview, publiée samedi par plusieurs médias locaux :
Majesté, merci de nous recevoir. Vous êtes à Madagascar dans le cadre d'une tournée en Afrique. Que vous inspirent ces visites dans les pays africains ?Tout d’abord, je voudrais rendre hommage à mes frères africains et à notre continent. Chaque visite en Afrique est pour moi l’occasion de renouer avec les populations africaines que j’admire et respecte, elles m’enseignent la vraie richesse, celle du coeur.
Le Maroc et l’Afrique ne font qu’un. Les séparer serait un déracinement, une erreur.
Au cours de mes visites en Afrique ou à travers les projets que j’y initie, Il ne s’agit nullement de donner des leçons; je propose plutôt que nous partagions nos expériences.
Certes, les enjeux que nous devons relever en Afrique sont grands. Mais les femmes, les hommes et les enfants que je rencontre lors de mes visites me donnent la force de continuer. Tous, ils me rendent fier d’être Africain, d’être, comme m’a qualifié S.E le Président de la République, «un fils du pays».
Vous revenez tout juste d’Antsirabe où vous avez notamment assisté à un certain nombre de cérémonies et vous vous êtes rendu auprès des lieux où a vécu la Famille royale. Comment la visite s’est-elle passée ?Ma visite, ce mercredi, a été très émouvante. Mon grand-père et la Famille royale ont vécu deux ans à Antsirabe. Contrairement à ce qu’il advient généralement en exil, les miens ont gardé un bon souvenir de ce séjour contraint et ils ont conservé un lien fort avec Madagascar, particulièrement avec Antsirabe.
C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à visiter la ville et que j’ai décidé de lancer des pojets en faveur de sa population : je souhaite mettre en place un Centre de formation professionnelle dans le domaine du tourisme et du BTP et construire un hôpital mère-enfant, dans lequel sera aussi assurée la formation du personnel médical.
A ce propos, je tiens à lever toute ambiguïté : les rumeurs prétendant que ces projets ne bénéficieraient qu’à la communauté musulmane sont totalement fausses. Ces projets sont, bien évidemment, destinés à toute la population.Le Roi du Maroc est Amir Al Mouminine, Commandeur des Croyants, des croyants de toutes religions.Le peuple malgache est un peuple ouvert, un peuple au cœur pur. Mon pays, le Maroc ne fait aucun prosélytisme, ne cherche nullement à imposer l’islam. Dans l’Etat marocain, l’islam est modéré, tolérant.
J’ai rencontré l’imam de la mosquée Mohammed V à Antsirabe, il a déjà visité le Maroc et bénéficié d’une formation à L’Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidine et morchidate; c’est un centre dans lequel un nombre sans cesse croissant de participants, issus de pays différents, aspirent à être accueillis.
Comment votre Majesté entend-elle promouvoir le partenariat entre le Maroc et Madagascar ? Avant ce déplacement particulièrement symbolique à Antsirabe, j’ai présidé, à Antananarivo, avec S.E le Président, la Cérémonie de Signature, au cours de laquelle de nombreux accords de coopération ont été établis : ils concrétisent la volonté de l’Etat marocain de prêter main-forte au gouvernement malgache et d’améliorer les conditions de vie de sa population ; tel est le sens des projets de construction d’infrastructures sociales et de développement économique.
Madagascar dispose d’atouts indéniables pour réussir. Le Maroc est disposé à l’accompagner auprès de ses départements ministériels, de ses entreprises publiques et de son secteur privé.
J’encouragerai particulièrement le secteur privé marocain à engager des projets à Madagascar, dans le cadre d’une coopération d’égal à égal avec son homologue malgache.
Au moment de la Conférence de Paris, j’effectuerai une visite à Abuja. Je veillerai néanmoins à ce que le Maroc soit présent à Paris : une importante délégation soutiendra les projets prioritaires d’infrastructure à Madagascar et des représentants du gouvernement ainsi que du secteur privé participeront activement aux travaux.
Comme je le fais partout, au Maroc et ailleurs, je suivrai personnellement la réalisation de l’ensemble de ces actions. Je reviendrai donc à Madagascar.
Et pour ce qui est du continent africain, votre Majesté ?Le modèle de coopération que nous souhaitons mettre en œuvre ici est similaire à ceux que nous avons développés dans de nombreux autres pays africains.
En effet, je souhaite instaurer une coopération Sud-Sud forte et solidaire, entre de nombreux pays du continent africain.
Comme je l’ai dit dans mon discours à Abidjan, en février 2014, «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Dans le cadre d’une coopération décomplexée, nous pourrons, tous ensemble, construire le futur.
Le Maroc a des projets en divers pays d’Afrique. Nous donnons et partageons, sans arrogance, ni sentiment de colonisation. J’exhorte les entreprises marocaines à recourir aux bureaux d’études et à la main d’œuvre qui sont sur place.
C’est pour concrétiser ce modèle de coopération interafricaine que je me déplace fréquemment dans le continent, ce continent où je me sens bien. J’apprécie particulièrement les marques de gentillesse et d’affection que me manifestent les populations.
Je porte au cœur une fierté toujours plus forte d’être Africain. Je me sens aussi fortement attaché à ce continent.
Tout cela s’inscrit dans le cadre du retour du Maroc à l’Union Africaine ?Je sais que la présence marocaine en Afrique et, particulièrement, la tournée que j’effectue en ce moment déplaisent à certains.
Néanmoins, chacun reconnaît que nous n’avons pas attendu l’annonce du retour du Maroc à l’UA pour œuvrer et investir en Afrique.
Tous les pays, amis de longue date ou amis nouveaux, notamment en Afrique de l’Est, sont unanimes à soutenir la réintégration du Maroc à l’UA.
J’ai pris l’initiative de ces visites, sans conditions préalables. Je me réjouis des réactions favorables, positives qu’ont exprimées mes hôtes. Je leur adresse mes remerciements et ma reconnaissance ».