S’il y a un titre dont pourrait «se prévaloir» l’ex-champion de la boxe thaï, c’est bien celui de maître-chanteur incontesté doublé de voyou de grand calibre. Zakaria Moumni, en «exil» en France, semble se découvrir un autre sport favori : la délation lâche et ridicule contre le pays qui lui a pourtant donné le jour et où il a même voulu vivre en rentier, -il a bénéficié de deux agréments de taxis, l’une pour lui et l’autre pour son père. Mais passons, si seulement il n’était question que de cela. Question, alors : que reproche-t-on, finalement, à ce monsieur Zakaria Moumni ? Les faits sont têtus, dit-on à juste titre d’ailleurs. LE360 vient de se procurer auprès de la défense des deux plaignants, en l’occurrence Mohand Laenser et Abdelhamid Chennouri, qui occupaient, au moment des faits, les postes respectivement de ministre de l’Intérieur et de directeur des RG au même département, la plainte déposée contre Zakaria Moumni.
Quand Moumni voulait faire chanter le ministre Laenser
Zakaria Moumni, qui est appelé à comparaître devant le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Rabat, a bel et bien fait chanter Mohand Laenser, selon la défense de l’ex-ministre de l’Intérieur. L’intéressé «avait prétendu avoir décroché, en 1999, le titre de champion du monde dans le kick-boxing, ou la boxe thaïlandaise, et que, sur cette base, il avait le droit de décrocher le poste de conseiller auprès de la Fédération royale de la boxe ou du ministère de la Jeunesse et des sports», peut-on lire dans la déposition du ministre Laenser contre Zakari Moumni, lequel avait invoqué, à l’appui de sa demande, le décret royal N194-66 promulgué le 9 mars 1967. Or voilà, ce décret, toujours selon la déposition de M. Laenser, ne donne nullement droit au présumé champion de postuler à un tel poste. Qu’à cela ne tienne, puisque le postulant aura, en vertu d’un d’une décision ministérielle, droit en 2006 à un agrément de grand taxi, sans compter un deuxième offert à son père Larbi Moumni. L’histoire aurait donc pu s’arrêter à ce stade. Mais non, car une fois les deux agréments en poche, notre champion récidivera en se livrant à un véritable acte d’escroquerie. Sauf que la cible cette fois est deux pauvres citoyens marocains qui ont eu la maladresse de verser, en 2010, à Zakaria Moumni, des sommes d’argent importantes en contrepartie d’une promesse de leur décrocher des contrats de travail en Europe. Il n’en sera rien. Enfin, pas tout à fait. Les deux victimes déposeront une plainte pour escroquerie auprès du parquet général près le tribunal de première instance de Rabat. Le 27 septembre 2010, l’inculpé sera arrêté à l’aéroport de Salé par des éléments de la police judiciaire et, confronté à ses victimes, il reconnaîtra les faits qui lui sont reprochés. Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme assorti d’une amende de 1000 dirhams. Peine dont il ne purgera que 16 mois, après que le mis en cause a bénéficié, fin 2011, d’une grâce royale. Libéré, il s’envole vers la France et prétend, faussement, avoir été soumis à des actes de torture de la part de la police judiciaire, croyant qu’à travers le recours à ces allégations il pouvait faire chanter les autorités marocaines et décrocher le poste qu’il convoitait ou obtenir des indemnités pour la période d’emprisonnement qu’il a purgée. Toujours selon la déposition du ministre Laenser, l’intéressé aurait demandé 60.000.000 (soixante millions) de dirhams en guise de réparation d’un fait où il a pourtant été reconnu coupable.
Après le crasse chantage, les insultes ordurières
Pour décrocher les 60.000.000 de dirhams, Zakaria Moumni aura tout essayé. Y compris et surtout ce prétexte le moins que l’on puisse dire affabulatoire : payer des dettes qu’il aurait contractées pendant son séjour carcéral de 16 mois. Il sera tout débouté tellement la demande était fantasmagorique. Seulement voilà, le maître-chanteur passera à un autre registre non moins grave. Celui des menaces et des insultes ordurières. On vous laisse méditer sur cette envolée (à lire le nez bouché, bien entendu) : «Ah, tu ne rappelles pas, toujours tu te caches, tu te caches, merde, ministre de merde, ministre de merde, tu te caches. Je vais sortir avec vous demain, vous êtes que des fils de putes, vous êtes des fils de putes de ministres de merde, ministres de mes couilles, ministre de fils de pute, ministre de pédé, tu as compris ça, moi je vais sortir avec vous, en direct. Moi je vais vous niquer un par un, vous êtes que des enculés, vous vous foutez de ma gueule, tu te fous de ma gueule, pas vous, tu te fous de ma gueule, fils de pute, t’as osé me mentir, t’as osé me mentir, t’as fait la grosse connerie de ta putain de vie de merde, t’as fait la plus grosse connerie de te foutre de moi, j’ai vécu l’enlèvement, la séquestration et la torture fils de pute de merde. Je t’encule ta race de merde, tu vas payer sale pute de merde, et tu vas devoir répondre au roi de ce que t’as fait fils de pute».
C’est là l’objet de l’appel téléphonique laissé, le 10.11.2013, par le «champion» Zakaria Moumni sur la boîte vocale du ministre Mohand Laenser, et dont l’enregistrement a été confié au juge d’instruction près le tribunal de première instance de Rabat. Il est l’expression la plus sordide de ce que l’être peut avoir de bestial. C’est de cela que ce dénommé Zakaria Moumni devra répondre devant le tribunal de première instance de Rabat, lequel a émis un ordre d’amener contre l’intéressé toujours en cavale en France essayant de rameuter les preux chevaliers du droit-de-l’hommisme dans sa tentative désespérée de se soustraire à la justice. Mais passons, car ce n’est pas fini.
Attaques en règle contre un symbole d’autorité
Toujours dans le registre des insultes ordurières, un autre symbole d’autorité en aura pris pour ses grades. Il s’agit d’Abdelhamid Chennouri, ex-directeur central des RG au ministère de l’Intérieur et actuel gouverneur d’Inezgane-Aït Melloul. Le plaignant affirme, dans sa déposition auprès du tribunal de première instance de Rabat, avoir reçu à son tour un appel téléphonique de la part de Zakaria Moumni, dont la teneur, enregistrée, laisse pantois tellement elle est choquante. « Bonsoir monsieur le menteur, sale race de merde, tu te fous de ma gueule, directeur central de renseignements généraux de merde, de mes couilles de gouverneur ou préfet de gouverneur de préfet je sais pas quoi Aït Melloul. Va te faire foutre fils de pute, toi tu te permets de te foutre de ma gueule ; ministres de couilles merde je vais vous faire enculer un par un parce que la grosse connerie c’est que vous vous foutez de ma gueule ? De me mentir à moi. Vous allez régler, vous allez payer fils de pute, de merde, personne ne se fout de ma gueule ; alors que j’ai vécu l’enlèvement et vous continuez à vous foutre de ma gueule fils de pute, de merde, vous n’êtes que des merdes, vous allez régler, vous allez devoir vous justifier explicitement de la merde que vous avez fait. Vous allez l’avoir en direct … dans les journaux, fils de putes, de batards ; tous les gens qui étaient derrière un par un, je vais tout dénoncer avec les détails, pour s’expliquer un par un devant le roi, fils de putes ». Ces propos dignes d’une personne qui a fait son apprentissage lors de combats dans des cages sont enregistrés et constituent les pièces à conviction qui enverront Moumni dans la maison d’arrêt de Fresnes, située dans un département que l’intéressé connaît bien.