Les élections de 2021 approchent et les partis politiques sont à la recherche de réservoirs électoraux. Celui des MRE est d’ailleurs l’un des plus courtisés. Seulement, le cadre électoral, dans sa forme actuelle, ne permet pas un vote massif de la communauté marocaine résidant à l’étranger. C’est ainsi que Aziz Akhannouch, président du RNI, a soulevé récemment, à Düsseldorf, en Allemagne, où son parti tenait un important meeting électoral, la question du vote des MRE et, par conséquent, leur participation à la vie politique nationale.
«Le RNI est conscient de la nécessité de la participation des MRE à la prise de décision politique. C’est une question qu’il faut avoir le courage de débattre car il n’y a point de citoyenneté accomplie sans participation politique», a notamment affirmé le président du parti lors de cette rencontre, écrit le quotidien Al Massae dans son édition du jeudi 5 décembre. Tout le monde voit, dans cette démarche du RNI, une tentative de rallier les MRE, note le quotidien, surtout que ses rencontres à l’étranger se sont multipliées depuis l’élection d’Aziz Akhannouch à sa tête.
Le parti n’a donc pas tardé à être imité par les autres formations politiques, avec à leur tête le PJD. Ce dernier bouge beaucoup à l’étranger à travers, notamment, une multitude d'associations affiliées qui balisent le terrain pour l’installation des antennes locales dans les pays ciblés. D’autres partis tentent, dans une moindre mesure, de préserver leurs liens politiques avec les MRE, en perspective des prochaines élections, souligne le quotidien.
Bien plus, note Al Massae, ce débat sur la participation politique des MRE trouve écho au sein même de l’hémicycle. Plusieurs groupes parlementaires ont, en effet, appelé le gouvernement à trouver une solution pratique pour activer le droit de vote des MRE et leur permettre de voter à partir de leur pays de résidence. Mais, assure le quotidien, la réponse de la ministre déléguée chargée des MRE a été pour le moins ambiguë. Nezha El Ouafi s’est ainsi contentée d’appeler à «l’ouverture d’un débat national» sur la question afin de parvenir à une «vision claire». La ministre a d’ailleurs rappelé l’existence d’un avis sur la question du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), qui a également proposé des scénarios pour ce faire.
Entre autres scénarios proposés, l’instauration d’une liste nationale réservée aux MRE et composée de 10 ou de 20 membres qui se présenteraient aux élections sous les couleurs des partis politiques. Les candidats seront élus au scrutin de liste dans les circonscriptions définies selon un découpage électoral spécifique. Selon ce découpage, une circonscription pourrait contenir 50.000 Marocains inscrits dans les consulats.
Un autre scénario voudrait que les MRE se présentent en tant que candidats SAP, mais avec un programme électoral ou à travers les partis politiques. L’opération de vote aura lieu au sein même des consulats. Un autre scénario est proposé pour la deuxième Chambre. Quoi qu'il en soit, note le quotidien, la participation politique des MRE suscite, aujourd’hui, des réactions mitigées au sein des partis politiques. Certains y voient même, et le déclarent ouvertement, un risque d’infiltration du paysage politique marocain par des tendances radicales et extrémistes.