Mustapha Ramid a encore manqué une occasion de se taire. Cible de critiques acerbes depuis quelques jours, le ministre d'État chargé des droits de l'Homme est revenu sur ses propos controversés sur l'homosexualité, émis le 28 septembre dernier, en marge d'une réunion sur la prévention de la torture.
Mustapha Ramid avait, rappelons-le, déclaré avec agacement qu'il ne fallait pas "donner trop d'importance à ce sujet" puis qualifié les homosexuels d'"ordures".
Dans un long post publié hier soir 17 octobre, sur son compte Facebook, le ministre PJDiste persiste et signe. Il tente tant bien que mal de justifier ses propos et rappelle à ses détracteurs qu'ils vivent au Maroc, que la loi est claire au sujet de l'homosexualité et qu'ils feraient mieux d'arrêter de revendiquer leur champ de libertés individuelles car nous ne sommes pas en "Europe".
"Entre mes détracteurs et moi, il y a la Constitution du royaume, ses lois et les accords qu'il a signés... (...) L'homosexualité (que Mustapha Ramid qualifie par ailleurs de déviation sexuelle) reste un crime puni par la loi marocaine et est de surcroît non acceptable par notre société.", écrit le ministre d'État chargé des droits de l'Homme sur sa page Facebook.
Encore une fois, Mustapha Ramid se présente comme le gardien de l'ordre moral et se montre hostile aux libertés individuelles: "Il faut savoir que le gouvernement marocain a clairement défini sa position sur ce sujet dans le document remis au Conseil des droits de l'Homme, en réponse à ses recommandations présentées lors de l'Examen périodique universel de cette année".
En résumé, "Le gouvernement marocain refuse catégoriquement de dépénaliser l'homosexualité.", mais "en même temps, il n'accepte aucun type de discrimination envers un citoyen quel qu'il soit".
Mustapha Ramid aurait-il oublié avoir qualifié les homosexuels de détritus il y a quelques jours? Non. "Si j'ai qualifié l'homosexualité de saleté, c'est en référence à l'homosexualité en tant que telle et non aux personnes qui s'y identifient", déclare le ministre qui tente d'argumenter. "Il y a des gens qui ont qualifié la peine de mort de barbarie, et nous n'avons jamais pesté pour dire que cette description nous touchait directement". Curieux parallèle!
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Ce n'est pas tout. Mustapha Ramid a également un petit mot pour ses détracteurs: "Il est donc clair que certaines personnes à l'origine de réactions virulentes ont été aveuglées par la recherche de la confrontation. Elles ne font plus la différence entre la déclaration d'un ministre sur l'homosexualité au royaume du Maroc et celle d'un autre ministre dans un pays européen; entre un ministre dans un pays qui considère l'homosexualité comme un crime et un autre où l'homosexualité est un droit garanti par la loi", conclut-il.
Pour rappel, le 28 septembre dernier en marge d'une réunion sur la prévention de la torture, le ministre chargé des droits de l'Homme, Mustapha Ramid, avait été interrogé par des journalistes au sujet de la pénalisation des homosexuels. Agacé, il a répondu: "Trop c'est trop. Tout le monde donne de l'importance à cette homosexualité et veut en parler. Ces gens-là sont des détritus!".
Des propos qui ont suscité l'ire d'associations et d'une certaine frange de la société marocaine. Samira Sitaïl n'a pas manqué de réagir à cette sortie sur son compte Facebook. La directrice générale de l’information de la chaîne 2M reproche à Ramid de chercher à "diviser, monter les uns contre les autres, attiser les tensions, et fustiger les uns ou les autres pour détourner l’attention des (vrais) problèmes qui gangrènent la société marocaine".
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"Monsieur le ministre des droits de l’Homme, s’il vous plaît, démissionnez!