C’est un secret de polichinelle, les relations entre le PPS et le PJD ne sont plus au beau fixe. D’ailleurs, le patron du parti du Livre et ses camarades ne le cachent pas, même s’ils se gardent bien de ne pas rompre leur flirt avec leur allié. Mais cette fois, Nabil Benabdellah n’a pas ménagé le chef du gouvernement lorsqu’il a donné la vision de son parti sur le nouveau modèle de développement. Lors de la conférence de presse qu’il a donnée, le lundi 25 mars, sur ce sujet, il a répondu aux questions des journalistes sur un ton dénotant de l’agacement, voire de l’irritation à l'encontre d'El Othmani: «Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani n’est pas habilité à recevoir les visions des partis, particulièrement ceux de la majorité, sur le nouveau modèle de développement. Ces derniers ne lui ont rien transmis sur ce sujet et ne sont d’ailleurs pas obligés de le faire».Le Patron du PPS, qui n’a pas cité le chef du gouvernement par son nom tout au long de son intervention, a affirmé que les instructions royales étaient très claires sur ce sujet: «Le roi s’est adressé aux partis politiques pour qu’ils élaborent une vision d’un nouveau modèle de développement. Le souverain a parlé de la création d’une commission devant recueillir les propositions des partis politiques. Par conséquent, ni le gouvernement, ni le chef du gouvernement ne sont concernés par ce dossier».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 27 mars, que Benbdellah a souligné que Saâd-Eddine El othmani avait pris deux initiatives. Il a réuni en premier lieu, ajoute le patron du PPS, les dirigeants de la majorité pour discuter du modèle de développement mais il a échoué, car «il n’est pas arrivé à un accord consensuel, étant donné la difficulté d’élaborer un modèle unifié et concordant». Et Benabdellah d’étayer son argumentaire en indiquant: «Je ne peux pas élaborer un modèle de développement avec le PJD, le RNI ou le MP car il existe, entre nous, des désaccords dans les visions concernant les priorités et la perception de la démocratie». La deuxième initiative du chef du gouvernement, enchaîne Benabdellah, a consisté à demander aux ministres de formuler des visions sectorielles qu’il a adoptées comme une base dans l’objectif d’émettre une proposition unifiée du gouvernement relative au modèle de développement. Une initiative qui a été fortement critiquée et rejetée en tant que document émanant du gouvernement et, par ricochet, des partis de la majorité. Certains ont même accusé El Othmani d’avoir essayé d’imposer dans le contenu de ce document la vision de son parti, en l’occurrence le PJD. Nabil Benabdellah a souligné que certains ministres, dont celui de l’Habitat et de la politique de la ville, Abdelahad Fassi, affilié au PPS, ont effectivement présenté leurs propositions au chef du gouvernement. Mais, ajoute le patron du PPS, on ne sait pas ce qui est advenu de ces propositions et ce qu’en a fait Saâd-Eddine El Othmani.
Le secrétaire général du parti du Livre a appelé à ce que le débat sur le modèle de développement dépasse les affrontements politiques. Il affirme que le moment nécessite une rupture totale avec certaines pratiques qui ont provoqué de graves dérapages politiques et ont participé à la dégradation de la situation politique dans notre pays. Quant au projet du développement du PPS, Benabdellah indique qu’il comporte des «propositions choquantes», ce qui le différencie des projets de tous les autres partis. La vision du PPS, ajoute-t-il, repose sur cinq piliers essentiels dont le parti dispose des détails des mécanismes et des procédures pour la rendre opérationnelle. Mais, conclut Benabdellah, le parti va garder ces propositions jusqu’aux prochaines élections pour présenter certaines d’entre elles dans son programme électoral.