Nasser Bourita est catégorique: l’affaire du Sahara a pris un nouveau tournant. Dans un entretien accordé à Med Radio et repris dans la livraison du 16 décembre d’Al Ahdath Al Maghribia, le ministre des Affaires étrangères revient sur la reconnaissance historique par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur l’ensemble du Sahara.
Et gare à celui qui pense que cette décision est intervenue sur un coup de tête du président américain Donald Trump. Pour Nasser Bourita, c’est un travail de longue haleine. “Il s’agit du résultat d’un long processus piloté par Sa Majesté le Roi Mohammed VI”, précise-t-il. Le début de ce processus, le ministre des Affaires étrangères le situe à mai 2018. Le début des discussions remonte quant à lui à mai 2019, lorsque le souverain recevait le conseiller du président américain, Jared Kushner.
Quant à la valeur juridique de la décision américaine et l’éventuel rétropédalage de la nouvelle administration dirigée par le démocrate Joe Biden, Nasser Bourita s’est montré tout aussi ferme: “Les relations maroco-américaines ne sont pas tributaires des administrations”, indique-t-il, en se félicitant du socle solide qui lie les deux pays.
Pour le ministre, les arguments ne manquent pas: “Depuis 2004, le Maroc est allié non-membre de l’OTAN, le Royaume est le seul pays d’Afrique à avoir un traité de libre-échange avec les Etats-Unis”, précise-t-il. Et d’ajouter: “le plus grand exercice militaire américain en dehors des frontières (américaines, ndlr) se déroule au Maroc, notre pays est un partenaire essentiel des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme et j’en passe”.
Nasser Bourita explique par ailleurs que cette nouvelle décision marque un tournant pour la stratégie marocaine. En citant les instructions royales, le ministre des Affaires étrangères explique que l’affaire du Sahara n’est pas un dossier à gérer mais plutôt un dossier qui doit obéir à une vision. Son axe principal: un modèle de développement pour créer un lien solide entre les provinces du Sud et le nord du Royaume.
Le ministre précise en outre que le deuxième élément de ce plan repose sur la confirmation de la marocanité du Sahara. “Nous ne nous réjouissons plus trop si un Etat retire sa reconnaissance (du Polisario), car il l’a retiré du néant (...). Aujourd’hui, ce qui compte, c’est de reconnaître la marocanité du Sahara.”