Décidément, l’Istiqlal a renoué avec les vieux démons de la division en enfantant deux clans dont la rivalité ne cesse de s’accentuer depuis l’élection de Nizar Baraka à la tête du parti. La tension, qui couve depuis entre les deux factions, s’est étalée au grand jour au cours des élections de la jeunesse ouvrière qui ont été marquées par le retour de la famille Chabat. C’est pendant la réunion de la jeunesse istiqlalienne que les débats sont devenus houleux, avec des passes d’arme et de vives altercations qui ont poussé Nizar Baraka à intervenir pour calmer les esprits et à créer une commission en vue de trouver une solution à cette rivalité.
Dés le début de ce conclave, Mohamed Taoula, dirigeant de la Chabiba, a interpellé le membre du bureau politique, Mohamed Ould Errachid, dans les termes les plus vifs: «Je ne vous permets pas de vous adresser sur ce ton à des militants qui sont plus anciens que vous dans le parti. Vous devez vous imprégner de plus de calme et de respect à l’égard du secrétaire général et des militants.»
Dans son édition du mercredi 20 juin, Al Massae, qui cite ses sources, rapporte que, lors de la réunion, c’est la composition de la commission préparatoire qui a été à l’origine de ces prises de bec. Cette dernière est constituée de son directeur et de 40 membres dont 31 proviennent de la seule province de Laâyoune, sans compter l’élection de deux membres qui n’étaient pas présents. C’est ce qui a suscité l’ire de la tendance dirigée par Abdelkader El Kihel, qui s’est plainte auprès de Nizar Baraka pour accuser Ould Errachid de vouloir faire main basse sur toutes les organisations du parti (jeunesse, femmes, syndicats…)
En créant une commission pour régler ce problème, Nizar Baraka aurait choisi son camp puisqu'il a contré le directeur du comité préparatoire qui voulait à tout prix garder les membres élus. Du coup, les mêmes sources estiment que le clan de Ould Errachid risque de connaître le même échec que celui qu'il a connu lors des élections de la jeunesse ouvrière istiqlalienne. Un scrutin qui a été ponctué, à Salé (6 juin), par la victoire d’un proche de Ould Errachid, avant que son élection ne soit invalidée à Rabat pour permettre à un militant de la tendance Baraka de prendre, le 9 juin, les rênes de cette organisation.
Il n'en fallait pas plus pour que cette lutte devienne régionale, à Tanger, et que trois membres du bureau politique se déchirent pour un clan ou pour un autre. D’autant que l’ex-secrétaire général du PI, Hamid Chabat, a envoyé son cousin dans la ville du Détroit pour soutenir le membre du bureau politique qui a choisi de s’aligner sur Ould Errachid. Du coup, plusieurs personnalités istiqlaliennes de poids ont préféré demeurer neutres. Parmi elles, le secrétaire régional, Jamal Bakhat, et l’ancien président de la commune Souani, Abdeslam Arbaine.