A chaque fois que notre pays se retrouve devant une échéance sociale, constitutionnelle ou face à de grandes décisions, Abdelilah Benkirane s’érige en héros pour clamer que c’est grâce à lui que le Royaume jouit de la stabilité et de l’évolution des lois. «C’est lui, comme il l’a répété à maintes reprises devant ses disciples, qui a sauvé le Royaume du printemps arabe et du mouvement du 20 février», affirme Al Akhbar don son édito du mardi 12 mars.
Dernièrement, il a annoncé qu’il était à l’origine de l’initiative de l’aide directe aux familles, alors que tout le monde sait que le mérite revient au roi Mohammed VI qui en est l’ordonnateur, le décideur et le planificateur. «Aujourd’hui, la même personne mène une campagne féroce contre le projet d’amendement de la Moudawana qui a été lancé par le souverain en bombant le torse et en versant dans la rhétorique populiste pour s’attribuer le mérite de cette décision royale».
Pourtant, l’ensemble des Marocains savent, et Benkirane le premier, que le roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, n’acceptera aucune initiative de quelque partie que ce soit qui porterait atteinte aux constantes religieuses et nationales du Royaume. Mais, le chef du PJD veut se battre contre les moulins à vent en se présentant comme le gardien du temple, de la religion et des institutions du Royaume.
Pourtant, le patron des islamistes sait d’avance que ses sorties tonitruantes sont nulles et non avenues face à ce que décide le commandeur des croyants. Le jeu de Benkirane, qui l’a aidé souvent dans son parcours politique et électoral, est d’anticiper les événements, comme il le fait avec le Code de la famille en se l’appropriant.
L’éditorialiste d’Al Akhbar souligne qu’en se prenant pour le messie, Benkirane oublie qu’il interfère dans les attributions du chef de l’État. «Non Monsieur Benkirane, tu n’es pas l’étoile qui éclaire ce pays car cet État-nation est chargé d’histoire avec ses constantes sacrées et sa monarchie constitutionnelle qui lui ont évité pendant des siècles toutes sortes d’aléas. Par conséquent, tout le monde a le droit de proposer et d’interpréter, mais seul le roi a le droit de prendre la décision conforme avec nos constantes et l’esprit de notre époque», souligne Al Akhbar.