Décidément, Saâd Eddine El Othmani a bien du mal à s’élever à la hauteur de la fonction. Son parti et son référentiel idéologique déterminent souvent la conduite et les sorties les plus saillantes du chef du gouvernement.
Dimanche 23 août dernier, Saâd Eddine El Othmani s’est exprimé à Rabat, devant ses pairs du PJD, lors du 16e forum de la jeunesse nationale de ce parti, contre la normalisation des relations avec Israël.
Il a retrouvé les envolées lyriques partisanes qui lui sont chères en proclamant: «nous refusons de normaliser nos relations avec l’entité sioniste».
Cette phraséologie, qui appartient à un autre temps, est peu digne d’un chef de gouvernement appelé à faire preuve de sens de la mesure et de pondération.
A l’orée d’une année électorale, Saâd Eddine El Othmani a voulu chauffer la salle. Et cela n’a pas raté, puisque ses propos ont été longuement ovationnés par la jeunesse du PJD.
Le mouvement palestinien Hamas a joint sa voix à la jeunesse du PJD en saluant, le 24 août, «la position du chef du gouvernement du Maroc avec respect et gratitude».
Le Hamas a raison de saluer le chef du gouvernement et non pas le chef d’un parti.
Saâd Eddine El Othmani sait pourtant, ou devrait savoir, que c’est sa casquette de chef du gouvernement qui est la plus visible et celle-ci fait de l’ombre à son rôle de chef de parti.
Interrogé par Le360 au sujet de ses déclarations sur la normalisation avec Israël, Saâd Eddine El Othmani a tenu à préciser qu’il s’était exprimé devant la jeunesse du PJD, en sa qualité de chef de parti, et non au nom du gouvernement.
«J’ai parlé dimanche sur ce sujet, lors d’une rencontre avec les jeunes PJDistes, en ma qualité de chef du Parti Justice et Développement (PJD) et non pas en tant que chef du gouvernement. J’ai en outre confirmé la position du parti en réponse à une question d’un journaliste qui m’a interrogé au sujet d’une éventuelle visite d’un responsable américain au Maroc».
Lire aussi : Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, se rendrait au Maroc dans les jours à venir
Pour El Othmani, l’opposition du PJD à toute normalisation des relations avec l'Etat hébreux est «une position constante du parti et ce depuis plusieurs années». Cette position, a-t-il ajouté, a été rappelée par le PJD lors de la dernière réunion de son bureau politique.
La position du PJD sur cette question est bien connue, mais quand le chef du gouvernement s’exprime, il entraîne avec lui l’ensemble du gouvernement. Il a d’ailleurs déclaré devant la jeunesse du PJD que la normalisation avec Israël était une «ligne rouge à ne pas franchir». Une déclaration qui pourrait tout à fait être comprise comme une menace.
La déclaration de Saâd Eddine El Othmani intervient à quelques jours d’une visite prévue au Maroc de Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain Donald Trump.