C’est grave, Docteur El Othmani? Certainement que la dernière sortie de Rachid Talbi Alami (RNI), lors de la rencontre initiée par le Rassemblement national des indépendants avec les jeunes de la région de Boulemane, mettra à mal l’actuelle majorité gouvernementale. La presse arabophone de ce lundi 15 juillet partage unanimement ce constat.
Sous le titre «Les deux principaux partenaires de la majorité gouvernementale arrivent à un point de non-retour», le quotidien Akhbar Al Yaoum rapporte, in extenso, les propos de Talbi Alami qui, en guise de réponse du berger à la bergère, est revenu sur la tempête dans un verre d’eau qui a suivi ses récents propos à la suite de l’élimination prématurée des Lions de l’Atlas de la CAN 2019.
«La première chose que j’aimerais signaler, c’est que nous (au RNI), l’origine de nos finances est claire. Elles viennent des poches de nos militants. Alors qu’ils nous disent, d’où est-ce qu’ils (PJD) tiennent leur financement extérieur». Ce fut-là la première salve tirée par Talbi Alami. Elle cible surtout les parlementaires de la lampe qui viennent de l’interpeller sur le parcours de l’équipe nationale au Caire, à des fins politiciennes et en déformant délibérément son usage du mot «taqouissa» (mauvais œil), dira-t-il.
Enfonçant le clou davantage, il a estimé que le sport est constitué de valeurs humaines adoptées par le Comité international olympique et l’ONU. Valeurs dont on ne trouve aucune trace dans le «projet sociétal» du parti de Saad-Eddine El Othmani, accuse-t-il, sans oublier de faire un crochet sur le dévoilement d’Amina Maelainine ou de critiquer ce qu’il appelle «l’électoralisme du PJD à travers la distribution du panier de ramadan» il y a quelques semaines.
Pour sa part, Assabah, sous le titre «Le torchon brûle entre le RNI et le PJD», prédit qu’une grave crise gouvernementale pointe à l’horizon suite au nouveau regain de la guerre des mots entre les deux partis ennemis. Même si le journal rapporte aussi que ce weekend, à Bouznika, El Othmani a tenté de faire le pompier en affirmant que la chute de son gouvernement n’est pas à l’ordre du jour. Devant les membres du directoire de son parti, il a affirmé que ce qui se passe au sein du gouvernement relève tout simplement du «débat contradictoire». Circulez, il n'y a rien à voir!
Al Akhbar a plutôt choisi de se concentrer sur les propos d’Aziz Akhannouch lors de cette rencontre régionale avec les jeunes de Boulemane. Même s’il a exhorté ses interlocuteurs à investir en force le champ politique, le chef de file du RNI n’a pas manqué d’apporter de l’eau au moulin de Talbi Alami. En effet, il a appelé les jeunes de son parti à contribuer à la réalisation du développement de leur pays tout en faisant front pour barrer la route à ceux qu’il appelle les «nihilistes». L'allusion se passe de tout commentaire.
Al Ahdath Al Maghribia, lui, rappelle que chaque weekend est désormais mis à contribution par les partis de la majorité pour se tirer dessus les uns et les autres, dans le cadre d’une campagne électorale prématurée. Même si l’inimité la plus apparente réside dans les chamailleries continues entre le PJD et le RNI, Al Ahdath ajoute qu’au-délà des attaques virulentes de Talbi Alami contre les islamistes, il faut aussi mentionner la colère du Mouvement populaire. Ce dernier, lui aussi membre de la majorité gouvernementale, voit d'un très mauvais œil que le RNI vienne chasser des voix dans son pré-carré électoral (région de Boulemane), et utilise la langue amazighe dans sa campagne, alors qu’il s’agit-là d'un cheval de bataille qui a historiquement été au programme du parti de Mohand Laenser.
Enfin, se voulant plus moralisateur, le quotidien Al Massae, dans son billet quotidien «Avec le café matinal», a adressé une sevère mise en garde à ces partis politqiues, écrit-il, qui perdent leur énergie dans des guerres stériles, guerres qui ne feront que rendre encore plus répulsive la chose politique aux yeux des Marocains.