L’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, s’est encore une fois attaqué à son successeur, Saâd-Eddine El Othmani, qui a dit oui au projet de loi-cadre relatif au système de l’éduction et de la formation. L’ancien patron du parti islamiste continue à soutenir que le vote favorable du PJD à la loi 51-17 et donc, selon lui, la consécration du français comme langue d’enseignement, est «une faute grave».
Intervenant, dimanche, lors d’une réunion interne de la jeunesse du parti, l’ancien secrétaire général a tenu à souligner que le PJD dirigé aujourd'hui par El Othmani «n’est plus le même que celui qu’il avait lui-même dirigé», rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 2 mars. Les visions et les orientations du parti ne sont plus les mêmes, souligne-t-il. Benkirane affirme, par ailleurs, avoir décidé de boycotter les réunions du conseil national pour éviter un clash avec El Othmani après le vote favorable à la loi-cadre. Aujourd’hui, «c’est lui qui dirige, laissons-le faire ce qu’il veut et on le jugera au résultat», a-t-il notamment lancé en parlant de son successeur.
« Je ne pouvais pas accepter son point de vue sur ce texte, et je ne le ferai jamais. Mais, ce qui me fait encore plus de peine, c’est qu’il en tire une grande fierté alors qu’il aurait dû avoir honte d’avoir validé ce texte», a affirmé l’ancien patron du PJD qui estime que le fait d’avoir accepté ce texte revient à renier son identité arabo-musulmane. C’est une première, relève-t-il, car «jamais un Etat n’a renoncé à sa lange nationale au profit d’une langue étrangère».
Par ailleurs, rapporte le quotidien réputé proche du clan de Benkirane, ce dernier n’a pas hésité à inviter clairement El Othmani à «démissionner s’il estime qu’il est contraint de prendre une décision allant à l’encontre de ses convictions». Se laissant aller, comme à ses habitudes, dans ses propos, l’ancien secrétaire général du PJD a laissé entendre, devant un parterre de jeunes de son parti, qu’il avait refusé, en tant que chef du gouvernement, de céder à la pression des «parties d’en haut» pour moins que ça. C’était à propos du Fonds d’aide aux femmes veuves. « Le roi m’a finalement appuyé et donné ses instructions pour la réforme de ce Fonds», a-t-il lancé.
L’ancien patron du PJD n’a pas, non plus, manqué de faire allusion à ce qu'il considère comme une dégringolade de son parti. «Nous avons voté la loi-cadre, nous avons perdu beaucoup de ministères lors du dernier remaniement et, malgré cela, nous dirigeons toujours le gouvernement», a-t-il souligné avant de se rattraper en ajoutant: «Si notre objectif dans le parti était de devenir ministre, ambassadeur ou haut fonctionnaire, je l’aurais déjà quitté». Pour le moment, l’ancien patron du parti refuse de lier la généreuse pension de retraite, dont il bénéficie depuis son départ du gouvernement, à son retrait de la politique. Partant de là, insiste-t-il, il n’a pas l’intention de mettre fin à ses responsabilités au sein du parti.