Le ministère de l’Education nationale a annulé la deuxième séance de dialogue qui devait avoir lieu mardi avec les syndicats de l’enseignement et les représentants des enseignants contractuels. Le département de tutelle explique cette annulation par «le non-respect par certains cadres des académies des engagements pris par leurs représentants au cours de la réunion tenue le samedi 13 avril».
Dans un communiqué publié sur ce sujet, on peut lire que «le ministère ne peut, en aucun cas, poursuivre le dialogue en l’absence des conditions minimales permettant la mise en place d’une négociation sérieuse et responsable». Le département de Saïd Amzazi réitère toutefois son attachement à la poursuite du dialogue dès que ces cadres rejoindront leur lieu de travail.
Le ministère réaffirme, par ailleurs, qu’il n’épargnera aucun effort pour assurer le temps scolaire et garantir le droit de la scolarisation à tous les élèves. Le communiqué précise que «contrairement aux informations qui circulent, le ministère a respecté tous ces engagements. Il a ainsi arrêté toutes les procédures administratives et juridiques engagées contre les enseignants des académies et procédé au versement des salaires bloqués. Il a, en outre, réexaminé la situation des enseignants suspendus et reporté à une date ultérieure le passage de l’examen d’aptitude professionnelle pour permettre aux enseignants cadres des académies de le préparer dans les meilleures conditions».
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du mercredi 24 avril, que la décision du ministère tombe au moment où Rabat connaît de grandes manifestations. D’autant que les grévistes ont annoncé la création d’une coordination tripartite qui comprend la «coordination nationale des enseignants contractuels », la «coordination nationale des enseignants de la cellule 9» et la «coordination nationale des diplômés». Cette coalition a décidé d’organiser une manifestation nationale de trois jours.
En réponse à la décision du ministère de l’Education nationale, les enseignants contractuels jettent l’anathème sur les directions provinciales de ce département qui, selon eux, n’ont pas respecté les termes de l’accord et ont ainsi été à l’origine du retour de la tension. Certaines sources éducatives estiment qu’il sera difficile de récupérer le temps scolaire perdu et qu’il faut s’attendre à une année blanche si la grève perdure jusqu’au mois de mai. A moins, ajoutent-ils, que le ministère décide de renoncer aux vacances d’été et de reporter les examens, y compris celui du baccalauréat.
Face à la rupture de cette trêve éphémère, la Fédération nationale des associations des parents d’élèves du Maroc (FNAPEM) a critiqué «ce dérapage dangereux dont sont victimes les enfants des catégories précaires après la fermeture de plusieurs établissements pendant plus de deux mois, surtout dans le monde rural». La Fédération fait porter la responsabilité de la «poursuite de cette absurdité» à toutes les parties, en l’occurrence le gouvernement, le ministère de tutelle et les grévistes. La FNAPEM menace d’organiser des sit-in de protestations si aucune solution n’est trouvée à ce problème.
Le quotidien Al Akhbar, qui traite le même sujet dans son édition du mercredi 24 avril, s’est focalisé sur les réactions du ministre de l’Education nationale Saïd Amzazi. Ce dernier, qui répondait à une question orale à la chambre des représentants, a indiqué que son ministère «n’a aucunement renié ses engagements envers cette catégorie d’enseignants et qu’au contraire, ce sont les enseignants cadres des académies qui n’ont pas respecté les termes de l’accord du dialogue du 13 avril en refusant de rejoindre leur lieu de travail». Le ministre estime que le gouvernement a «annulé» le système de la contractualisation à travers son développement et son amélioration afin «d’appliquer l’équivalence avec le statut des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale».
Et Amzazi de préciser que «ce système garantit la stabilité professionnelle dans le cadre de la fonction publique régionale et les prérogatives confiées aux académies en matière de gestion de ses ressources humaines basée sur la justice spatiale».
Ce faisant, le ministère demeure très ferme et refuse de négocier sous pression avec la coordination des enseignants contractuels si, martèle-t-il, ils continuent à organiser leur sit-in à Rabat et ne rejoignent pas leur lieu de travail.