Le gouvernement met les bouchées doubles pour officialiser la langue amazighe dans l'administration. Il tente en effet, depuis son installation, de rattraper l’énorme retard accumulé par le PJD durant ses deux mandats au pouvoir. D'ailleurs, le parti islamiste a tout fait pour que ce chantier soit repoussé le plus longtemps possible, relève La Vie Eco qui rappelle, dans son édition du vendredi 29 avril, que le PJD a retardé l’élaboration du projet de loi organique portant mise en œuvre de l’article 5 de la Constitution et retardé, plus tard, son adoption au Parlement. Même lorsque la loi organique 26-12 a été adoptée, l’équipe El Othmani n’a rien fait pour en accélérer la mise en œuvre. Aujourd’hui, un réel changement s'annonce.
Ainsi, en à peine six mois, la nouvelle équipe gouvernementale a déjà entamé la concrétisation de ce chantier. En effet, la circulaire numéro 1 de la ministre chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, en date du 15 avril, marque l’entrée officielle de l’amazigh dans l’Administration. Adressé aux différents départements ministériels et aux établissements et entreprises publics, ce document se donne pour objectif de faciliter l’accès équitable de tous les citoyens aux services publics, précise l’hebdomadaire.
Concrètement, poursuit La Vie Eco, tous les départements ministériels sont tenus d’intégrer la dimension amazighe dans tous leurs projets, leurs programmes et leurs initiatives. Pour commencer, ils sont appelés à mettre en place un certain nombre de mesures immédiates dans différents domaines. En matière de communication et d’orientation, ceux qui disposent déjà de centres dédiés doivent les doter en ressources humaines maîtrisant la langue amazighe. Pour les autres, ils sont conviés à mettre en place des cellules de communication ou des «hotlines» en langue amazighe. En matière de communication visuelle, les plaques signalétiques, les affiches, les panneaux, les noms sur les façades et tout support visuel et d’orientation devront également être libellés en amazigh. De même, toutes les administrations sont tenues d’intégrer la langue amazighe dans leur portail web et les applications qu’elles ont mises en place. Enfin, les communiqués et les notes d’information adressés au public devront être déclinés en amazigh, de même que les campagnes de communications et de sensibilisation.
Bien sûr, des moyens financiers ont été mobilisés pour mettre en place ces mesures. A ce propos, l’une des promesses électorales et premières initiatives du gouvernement a été la mise en place d’un fonds dédié. Une première dotation de 200 millions de dirhams a déjà été allouée à ce projet dans le cadre de la loi de Finances 2022. Cette enveloppe pourrait atteindre un milliard de dirhams en 2025.
Par ailleurs, de nombreuses conventions ont été signées entre l'IRCAM et différents organismes publics et départements ministériels, pour les besoins de formation notamment. On retiendra, relève La Vie éco, l’initiative du ministère de la Justice de recruter une centaine d’assistantes sociales maîtrisant l’une des trois variantes de la langue amazighe. Ces assistantes, qui vont bientôt prendre leurs fonctions, seront affectées au niveau des services décentralisés du ministère et mises à la disposition des différents tribunaux.