Hier devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le prince Moulay Rachid, représentant le roi Mohammed à cet évènement, a donné lecture à un discours que le souverain a adressé aux membres de l’instance onusienne.
Dans son préambule et évoquant la question du développement durable, le roi a déclaré: « La présente session de l'Assemblée Générale des Nations Unies revêt une importance particulière, d'autant plus qu'elle connaîtra essentiellement l'adoption du Plan de développement durable de l'après 2015.
(…) L'élaboration du plan de développement pour les quinze années à venir doit reposer sur une évaluation objective de ce que nous avons fait depuis l'an 2000 (…).
Avons-nous, en effet, été capables de changer le vécu quotidien des pauvres ? Les résultats obtenus sont-ils robustes et durables pour résister aux agitations, aux guerres et aux crises économiques et sociales ?
Le bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement fait apparaître des progrès tangibles entre 1990 et 2015. Il n'en reste pas moins que les disparités entre les régions dans le monde et au sein même de certains Etats, constituent, par leur ampleur, une source d'inquiétude légitime.
Cette situation, qui porte préjudice à l'image de la coopération internationale, et jette le doute sur notre action collective au sein des Nations Unies, ne doit pas être synonyme d'échec.
Elle doit plutôt pousser tous les acteurs à s'interroger sur le meilleur moyen de promouvoir le développement et de corriger les défaillances que connaît la coopération internationale.
Dans ce contexte, le Royaume du Maroc espère que les Objectifs de développement durable contribueront à mettre au point un programme ambitieux susceptible de changer la donne à tous les niveaux, aux plans national, régional et international.
Quelle que soit la pertinence du Plan de développement durable, avec ses perspectives, sa crédibilité restera tributaire de notre capacité à lui trouver les moyens de financement nécessaires.
C'est pourquoi la coopération internationale doit être en phase avec la nouvelle réalité internationale. Elle doit s'affranchir de l'héritage du passé, des calculs géopolitiques et des conditions rédhibitoires attachées à l'obtention d'un soutien (…).
La réalisation du développement ne se fait pas par des décisions bureaucratiques ou par le biais de rapports techniques fin prêts et manquant de crédibilité.
Cela requiert plutôt la connaissance profonde de la réalité des peuples et de leurs spécificités, l'analyse objective des contextes dans lesquels ils vivent, et le travail de terrain sérieux qui répond à leurs aspirations et à leurs préoccupations réelles.
Je connais très bien les situations difficiles en Afrique et je sais ce que je dis. En fait, nombre d'Africains vivent dans des conditions extrêmement dures. Et la réalité est infiniment plus cruelle et plus amère que ce qui est indiqué dans les rapports de certaines organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales.
Toute leur vie est un combat et des défis subis au quotidien. Ils affrontent la dureté des temps et la pénurie des moyens. Mais ils vivent avec dignité, mus en cela par un engagement patriotique sincère pour un avenir meilleur.
Aussi, remédier à cet état de choses nécessite l'adoption, à moyen terme, d'une vision inclusive et cohérente, aux dimensions complémentaires les unes des autres (…).
Dans cette optique, l'Afrique doit être au cœur de la coopération internationale pour le développement afin de l'aider à s'affranchir de son passé colonial et à libérer ses énergies.
Aussi, le Maroc lance un appel à l'Organisation des Nations Unies et aux institutions financières régionales et internationales pour élaborer un plan d'action pour la transformation économique en Afrique et fournir des ressources pérennes pour son financement.
Aujourd'hui, l'Afrique, malgré ses atouts, se trouve à la croisée des chemins. Sans un soutien international substantiel et tangible, le continent connaîtra des écarts criants et graves entre ses pays. Des pays engagés dans le processus de développement et de progrès et d'autres se débattant dans leurs problèmes et s'enlisant dans la pauvreté, l'ignorance et l'instabilité».
Evoquant les questions de la paix, des conflits dans le monde et de la montée sans précédent de nouvelles formes de violence, d’extrémisme et de terrorisme, le souverain a dit : « Nous appelons également à ce que la paix et la stabilité soient placées en tête des priorités pour prévenir les conflits, faire face à l'extrémisme et au terrorisme et régler la problématique migratoire. Ceci devrait se faire suivant une approche qui tienne compte de la dignité des immigrés et de la préservation de leurs droits fondamentaux, et qui s'attaque aux causes profondes de ce phénomène.
L'Initiative nationale pour le Développement humain, que nous avons lancée dans notre pays et qui célèbre cette année son dixième anniversaire, a contribué à endiguer la pauvreté, la marginalisation et l'exclusion et à réduire les disparités interrégionales. Elle a également permis au Maroc d'atteindre dès 2013 le premier Objectif du Millénaire pour le Développement.
Ceci a fait que les instances internationales ont classé le Maroc en troisième position parmi les cinq premiers pays au monde à avoir adopté les meilleurs programmes et les meilleures initiatives d'utilité publique.
Nous sommes disposés à mettre notre expérience dans ce domaine au service de nos partenaires, notamment en Afrique.
Le Royaume du Maroc, de par sa position géographique et ses choix stratégiques, s'implique dans toutes les questions et problématiques mondiales ».
Le roi Mohammed VI reviendra également sur les questions liées au changement climatique en déclarant : « L'engagement du Maroc à s'impliquer dans ces questions universelles prend un relief particulier dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques, qui comptent parmi les plus grandes menaces guettant l'humanité entière.
Dans le même cadre, nous proposons que le Maroc accueille, en 2016, la vingt-deuxième Conférence des Etats-parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques.
Nous saisissons cette occasion pour renouveler notre soutien aux efforts déployés par la France pour parvenir, au cours de la vingt et unième Conférence prévue à Paris, à un accord mondial global, durable et équilibré et juridiquement contraignant.
De ce fait, Nous voyons dans les conférences de Paris et de Marrakech deux étapes complémentaires l'une de l'autre pour réaliser un progrès qualitatif dans la lutte contre les changements et éviter l'échec précédent dû à la faiblesse de la coordination et de la coopération entre les différents partenaires (…).
Sur la question de l’intégrité territoriale du royaume, le roi a déclaré que le travail de l’ONU « ne devrait pas être un facteur d'instabilité pour les pays qui contribuent à l'action et à la coopération multilatérales.
Aussi, le Maroc refusera toute aventure irresponsable concernant le différend régional autour du Sahara marocain. En effet, plusieurs puissances internationales ont pleinement conscience que les conceptions éloignées de la réalité qui sont élaborées dans les bureaux, et les propositions fallacieuses ne peuvent que mettre en péril la situation dans la région.
Nous avons bon espoir que l'Organisation des Nations Unies poursuivra ses efforts pour régler les différends par les voies pacifiques, et maintiendra son engagement à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats pour réaliser la paix, la sécurité et la stabilité auxquelles aspirent les peuples du monde ».