Lors des visites qu'il a rendues, récemment, à pratiquement tous les partis politiques, Abdellatif Ouahbi a tenu à faire le mea culpa du PAM, en bonne et due forme. «Nous avons supprimé toutes les lignes rouges et nous nous mettons désormais à distance égale avec tous les partis politiques, pourvu qu’ils respectent les constantes de la nation», a notamment affirmé le chef de file du PAM lors d'une interview accordée au quotidien Al Akhbar et publiée dans son édition du jeudi 23 juillet. Quand le patron du PAM parle de tous les partis, il fait notamment référence au PJD, parti avec lequel il n'écarte d'ailleurs pas une éventuelle alliance en vue de former le gouvernement de l'après-élections de 2021. «Tout dépendra des résultats de ces élections». Car, en fin de compte, c'est le vote des citoyens qui nous donnera la direction du vent, explique-t-il en substance.
Pour le moment, le PAM a démarré son rapprochement avec les autres formations, dans le cadre d'une coordination avec les deux autres formations de l'opposition, l'Istiqlal et le PPS. Ce rapprochement a démarré au Parlement et s'est poursuivi, tout récemment, avec le démarrage des tractations relatives aux préparatifs des élections avec le ministère de l'Intérieur. Les trois formations ont, en effet, présenté un mémorandum commun au ministère de l'Intérieur. «Nous sommes d'accord sur tous les points, sauf sur celui du seuil électoral. Nous avons proposé au PAM de le supprimer, pour que toutes les sensibilités politiques de notre pays puissent se retrouver au Parlement, alors que nos deux partenaires, l'Istiqlal et le PPS, proposent son maintien, mais à condition de le fixer à 3%, tout en comptant les bulletins nuls dans le calcul du quotient électoral», précise le secrétaire général du PAM.
Pour le moment, insiste-t-il, ce rapprochement avec les deux formations se limite à ce niveau de coordination. Il est prématuré, poursuit-il, de parler d'alliance électorale. Cependant, ajoute-t-il, «nous irons aussi loin que possible dans cette coordination, en attendant les résultats des élections».
Si le PAM en est à ce stade de rapprochement avec ces deux partis, qu'en est-il des autres formations? Avec le PJD, le nouveau secrétaire général du PAM a décidé de faire table rase du passé, faisant fi des objections exprimées par certains ténors du parti islamiste. «C'est un parti pour lequel j'ai beaucoup d'estime», souligne-t-il. De toutes les manières, «les lignes rouges ne se trouvent désormais plus que dans la tête de ceux qui y croient», poursuit-il, précisant que le PAM est désormais un «parti ordinaire». D'autant, ajoute-t-il, que la polarisation du champ politique n'est dans l'intérêt de personne, et encore moins dans l'intérêt de la démocratisation du pays.
Avec le PJD, fait-il remarquer par ailleurs, son parti a noué des alliances dans pas moins de 50 communes et au niveau de deux régions, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Marrakech-Safi. Pour le PAM, version Abdellatif Ouahbi, aucune distinction n'est donc faite entre les partis qui, finalement, œuvrent tous pour un seul but. D'ailleurs, souligne-t-il, «les partis travaillent tous, et sans exception, pour l’Etat. Leur rôle est de renforcer l’Etat. Et quand il ont tendance à s'affaiblir, c'est au tour de l'Etat d'intervenir pour les soutenir». Cela dit, lors de sa tournée partisane, la nouvelle direction du PAM n'a pas rendu visite à l'un des plus grands partis, le RNI. Il semble qu’il y ait un différend, non pas avec le parti de la Colombe, mais avec un membre de son bureau politique, Rachid Talbi Alami, en l’occurrence.
Le secrétaire général du PAM avait d'ailleurs demandé, mais en sa qualité de député, précise-t-il, la constitution d'une commission d'enquête parlementaire pour voir de plus près la gestion du ministère de la Jeunesse et des sports, lorsqu'il était dirigé par Talbi Alami. «Je n'ai fait que mon travail de parlementaire. J'ai pris connaissance d'un dossier qui l'accable et j'ai demandé à enquêter. J'ai d'autres dossiers sous la main touchant à d'autres sujets et je n'hésiterai pas à faire de même le moment venu», commente-t-il. Le patron du PAM a d'ailleurs appelé, à ce propos, les deux ministres du PJD, Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz, à présenter leur démission pour avoir enfreint les lois de la protection sociale (CNSS).
Bien sûr, le secrétaire général du PAM est revenu en long et en large, dans cet entretien, sur la situation interne de son parti. Il a tenu à minimiser le poids et l'importance de ses détracteurs tout en assurant accepter les points de vue divergents au sein de sa formation. Il s'est dit prêt, dès aujourd'hui, à entreprendre les démarches nécessaires pour le parachèvement de l'organisation du parti, dès lors que quelqu'un voudra bien lui décrocher une autorisation spéciale pour réunir les 700 membres du Conseil national. Abdellatif Ouahbi a, en outre, commenté la récente volte-face de son parti lors du vote du projet de loi de Finances rectificative. Au début, «lorsque nous avons abordé l’article 247, nous avons estimé que son adoption pourraient donner lieu à moins de rentrées fiscales pour les caisses de l'Etat. Nous l'avons donc rejeté. Puis, on nous a convaincus que cela grèverait, en revanche, les caisses des entreprises publiques et privées qui ont toutes grand besoin de liquidité en cette période de crise. Nous avons donc décidé de voter l’article 247 bis, et donc la réinstauration de la déductibilité fiscale des dons au profit de l’Etat», a-t-il expliqué tout simplement.