La lutte a repris de plus belle au sein du PAM entre le courant de Hakim Benchemass et celui de ses opposants, dirigé par le trio Ouahbi, Mansouri, Akhchichen. Une crise qui a été accentuée par les problèmes qu’ont connus les deux rencontres régionales de communication. La réunion du bureau politique a pâti de l’absence du secrétaire général, alors en déplacement en Grande Bretagne. Cinq membres du bureau politique ont adressé une lettre à Hakim Benchemass, dans laquelle ils accusent «certaines parties» d’avoir invité, en masse, des personnes non affiliées au parti à ces rencontres de communication.En parallèle, le courant du trio Mansouri, Ouahbi, Akhchichen a rejeté les requêtes du PAM prônant la modification de l’article 47 de la Constitution qui dispose que le roi nomme un chef du gouvernement émanant du parti arrivé en tête des élections législatives. Les contestataires (parlementaires et dirigeants) ont réclamé une réunion urgente du bureau politique pour discuter des dysfonctionnements qui ont émaillé ces rencontres régionales. Ils estiment que «l’approche participative dans l’organisation de ces rencontres entre les bureaux politique et fédéral n’a pas été respectée. Ces manifestations n’ont pas été encadrées avec des objectifs clairs et n’ont pas respecté le statut des militantes et des militants qui devaient été associés à ces rencontres».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 13 mars, que les contestataires ont accusé, de manière indirecte, le président du bureau fédéral, Mohamed El Hamouti, d’avoir rameuté des personnes n'ayant aucune relation avec le PAM. Une situation qui a poussé la majorité des membres du bureau politique, du bureau fédéral, des parlementaires et des élus à boycotter cette rencontre. Ces opposants affirment que le même scénario s’était produit dans la région de Casablanca-Settat. Du coup, ils ont demandé la tenue d’urgence d’une réunion du bureau politique pour «évaluer le bilan de ces rencontres, déterminer les responsabilités des uns et des autres et constituer une commission commune entre le bureau politique et le bureau fédéral pour élaborer un cahier de charges afin de réussir les rencontres régionales programmées».
Selon des sources internes du bureau politique, personne ne croit plus à la réussite de ces rencontres de communication, vu la guéguerre que se livrent les deux courants du parti. Le courant du trio précité qui a accaparé le parti, ajoutent les mêmes sources, semble déterminé à exclure tous ceux qui s’opposent à son orientation, et ce avant la tenue du congrès national. Certains observateurs considèrent que le PAM est devenu otage d’une «partie mystérieuse», après l’accord ambigu conclu entre Hakim Benchemass et le trio Ouahbi, Mansouri, Akhchichen. L’accord du 5 janvier, dans lequel Hakim Benchemass s’est désisté de ses prérogatives en faveur d’Ahmed Akhchicher, «n’engage que lui-même», ajoutent les mêmes sources. L’exclusion de certains dirigeants proches de Benchemass desdites rencontres dans les régions de Rabat et Casablanca n’a fait qu’élargir le fossé des divisions au sein du parti. Ceux-ci ont ainsi boycotté la rencontre régionale de Rabat, en protestant contre «la logique d’exclusion avec laquelle le président du bureau fédéral par procuration, Mohamed El Hamouti, avait géré le déroulement de cette rencontre. Une gestion qui contraste avec l’essence même du communiqué du bureau politique du vendredi 15 février 2019, qui prônait l’organisation commune de ces rencontres régionales entre le bureau politique, le bureau fédéral et le secrétariat du conseil national». Mais, au lieu d’adopter une approche commune, le bureau fédéral a été dessaisi de toutes ses prérogatives. Plus que cela, on a procédé à l’exclusion des membres du bureau politique, parmi lesquels on trouve des élus de la région, des conseillers et des présidents de communes et d’arrondissements.
Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du mercredi 13 mars, se focalise sur les personnes qui ont été invitées à ces rencontres alors même qu’elles ne sont pas affiliées au PAM. Plusieurs conseillers, membres du conseil national et du bureau politique ont boycotté les rencontres organisées par le parti dans les régions de Casablanca et de Rabat-Salé-Kenitra. Ils ont protesté contre le «racolage» de certaines personnes, dont des mineurs qui auraient, selon certaines sources, été payés pour remplir les salles. Un comportement qui a mis dans l’embarras plusieurs dirigeants, après la lettre adressée à El Hamouti par le coordinateur provincial du parti à Sidi Slimane. Ce dernier a demandé à être démis de ses fonctions en indiquant que 90% des personnes présentes dans la salle n’avaient aucun lien avec le parti et avaient été amenées dans des bus pour faire du nombre. Certaines sources estiment que même le départ de Hakim Benchemass ne mettra pas fin à la crise. Bien au contraire, affirment-elles, cela ouvrira la voie à des luttes et des affrontements encore plus acharnés qui affaibliront davantage le PAM.