Certains dirigeants du PAM ont constitué un troisième courant qui vient s’ajouter à celui du secrétaire général, Hakim Benchemass, et à celui dirigé par le secrétaire général par intérim, Ahmed Akhchichen, et la présidente du conseil national, Fatima Zahra Mansouri. Le nouveau courant devait être annoncé lors de la réunion du bureau politique qui, ce jeudi, devait discuter de l’impasse dans laquelle se trouve le parti depuis quelque temps. D’autant que les luttes intestines ne cessent d’aggraver une crise qui devient de plus en plus endémique.
Le premier clan est dirigé par le bouillonnant parlementaire Abdelatif Ouahbi, auquel s’est rallié le président du bureau fédéral, Mohamed El Hamouti, et l’ex-président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants, Mehdi Bensaid, ainsi que Samir Kodar, proche de la tendance Akhchichen. Le deuxième clan reste fidèle au secrétaire général du parti, Hakim Benchemass qui, malgré ses multiples concessions, n’arrive pas à tenir la barre du PAM. Le troisième clan est composé de membres des bureaux politique et fédéral qui ont refusé de s’allier à l’un ou l’autre des deux protagonistes en créant leur propre tendance. Ces derniers estiment qu' «ils se sont retrouvés au cœur de tensions aiguës dont les acteurs ne sont pas mus par des projets partisans et nationaux mais plutôt par des intérêts personnels».
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 15 mars, que les acteurs de ce nouveau courant comptent élaborer un document politique et idéologique qui définit le projet du PAM en tant que parti moderniste et démocratique. Ils demandent aux militants de «se rassembler autour d’un projet clair et transparent qui permettra au PAM de retrouver sa position de leader défendant un projet national démocratique et adhérant aux questionnements et aux défis de la société». Ils appellent, en outre, leurs collègues à rehausser le niveau de la pratique partisane et à privilégier un dialogue franc et transparent. Il faut, ajoutent les mêmes interlocuteurs, «mettre le doigt sur tous les dysfonctionnements qui ont failli provoquer des batailles entre les militants qui se sont affrontés par médias interposés. Ils ont poussé l’effronterie jusqu’à porter atteinte à l’honneur des militantes et des militants sans se soucier de l’image qu’ils donnent du parti».
Les partisans de ce courant considèrent que la solution de tout différend doit se référer au statut et respecter l’éthique pour laquelle le parti s’est engagé lors de son troisième congrès. Ils demandent, par ailleurs, à la direction du parti de démettre Mohamed El Hamouti de la présidence du bureau fédéral et de geler la fonction du secrétaire général par intérim qu’occupe, actuellement, Ahmed Akhchichen.
Certains dirigeants ont réclamé une réunion urgente du bureau politique pour discuter des dysfonctionnements qui ont émaillé les rencontres régionales de communication. Ils estiment que «l’approche participative dans l’organisation de ces rencontres entre les bureaux politique et fédéral n’a pas été respectée. Ces manifestations n’ont pas été encadrées avec des objectifs clairs et n’ont pas respecté le statut des militantes et des militants qui devaient été associés à ces rencontres». Ils ont accusé certaines parties d’avoir rameuté des personnes n'ayant aucune relation avec le PAM. Une situation qui a poussé la majorité des membres du bureau politique, du bureau fédéral, des parlementaires et des élus à boycotter cette rencontre. La lettre demande à «évaluer le bilan de ces rencontres, à déterminer les responsabilités des uns et des autres et à constituer une commission commune entre le bureau politique et le bureau fédéral pour élaborer un cahier de charges afin de réussir les rencontres régionales programmées».
Certains membres du bureau fédéral avaient lancé une bombe en demandant à Hakim Benchemass de faire la lumière sur une somme de 45 millions de dirhams qui a disparu de la circulation. Une somme qu’aurait laissée Ilyass El Omari dans la caisse avant de quitter le parti et qui était destinée à la construction d’un nouveau siège du PAM. Les mêmes dirigeants évoquent des milliards qui auraient été dépensées, indûment, au cours des dernières élections législatives et communales. Selon des documents parvenus à Al Akhbar, le parti aurait perçu une subvention publique de 12 millions de dirhams. Le PAM emploie 46 cadres administratifs dont la masse salariale annuelle atteint plus de 2 millions de dirhams. Le parti du Tracteur débourse, en outre, 930.000 dirhams, annuellement, pour la location de 25 bureaux régionaux répartis sur le territoire national.