C’est un tacle que les partisans du PJD et ses leaders, qui ont participé aux deux gouvernements que le parti a menés, auront certainement du mal à digérer. Lors de la présentation du projet de loi de Finances 2022 au Parlement, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a critiqué la gestion par le gouvernement de certains dossiers lors des dix dernières années, soit durant les deux mandats où le PJD a mené l’Exécutif.
Cette sortie de la ministre RNIste a eu lieu lundi dernier, et c’est Al Ahdath Al Maghribia qui revient sur le sujet dans son numéro du mercredi 27 octobre. La publication explique, à ce propos, que Nadia Fettah Alaoui a pointé du doigt l’échec de plusieurs stratégies gouvernementales lancées durant les deux derniers mandats. La ministre s’est également attardée sur l’impact de la crise sanitaire. Selon elle, la pandémie a eu le mérite de lever le voile sur les points forts et les points faibles du tissu économique national, sous tous ses angles. Et le ministre de relever l’ampleur de l’économie informelle, la faiblesse du filet de sécurité et les défaillances dans certains secteurs sociaux.
Comme le rapporte le quotidien, la ministre reconnaît certes que la pandémie de la Covid-19 a été une crise sans précédent, mais elle n’est en rien responsable des problématiques et dysfonctionnements socio-économiques dont souffre le pays. C’est pourquoi il ne faut surtout pas prendre la crise sanitaire comme excuse pour cacher et, surtout, justifier les échecs et dysfonctionnements du modèle économique du Royaume durant les dix dernières années. En d’autres termes, il ne faudrait surtout pas que le PJD brandisse la carte de la pandémie pour justifier les problèmes qu’a mis à nu ce contexte sanitaire inédit.
Al Ahdath Al Maghribia, qui rappelle que Nadia Fettah Alaoui est la première femme à diriger le ministère de l’Economie et des Finances au Maroc, s’arrête également sur sa critique du rythme de croissance affiché par le Royaume durant les deux mandats du PJD. Selon elle, cette croissance reste bien en deçà du rythme que doit afficher une économie ayant les potentialités du Maroc. Pire encore, l’échec des politiques gouvernementales des dix dernières années ont, au lieu de stimuler la croissance et créer de la valeur, réduit à néant les efforts fournis durant les années précédentes. Elles ont même constitué un frein au développement socio-économique du royaume, et la crise sanitaire n’a fait que lever le voile sur cela.
Pour preuve de cette lecture, ajoute le journal, la ministre a présenté certains chiffres accablants: le taux de croissance n’a pas dépassé les 2,5% ces dernières années; le taux de chômage est passé de 8,9% en 2011 (ndlr: année durant laquelle le PJD a pris le pouvoir) à 12% au début de l’année en cours; quant à l’endettement du pays, il est passé de 52,5% du PIB à 76% en dix ans.