Les parlementaires se plaignent toujours du travail des médias, qu’ils accusent de ternir l’image de l’institution législative. Mais, à de rares exceptions, ils ne font rien pour changer l’image d’élus portés par les voix des Marocains pour légiférer, soit décider pour eux pour ce qui concerne leurs rapports aux lois et aux institutions.
La nouvelle et grande occasion ratée est le vote du projet de loi de finances (PLF) au titre de l’année 2024, soit le plus attendu des projets de loi et celui qui monopolise les débats au sein de l’hémicycle pendant près de deux mois.
Dans le détail, sachez que ce projet de loi a été voté à la Chambre des représentants par moins d’un député sur trois. Seulement 118 élus avaient répondu présents sur les 395 membres de cette chambre.
Si l’on exclut les six élus qui se trouvent derrière les barreaux, quelle excuse auraient eue les autres, qui ne sont pas quelques dizaines, mais 271? Résultats des courses: cet important projet de loi a été adopté par 87 voix et 31 ont voté contre.
Normal? Pas évident quand on parle d’une séance plénière tenue dans la matinée. «J’ai été averti alors que j’entrais dans la ville de Tiflet et j’ai rebroussé chemin», avoue un député de la majorité qui s’apprêtait à rejoindre sa circonscription dans le nord du pays.
Et les autres? «À moins de se trouver en mission à l’étranger ou d’être tenu par un véritable empêchement, il n’y a aucune excuse», rappelle un haut cadre du Parlement. Se pose alors, et à nouveau, l’éternelle question de l’absentéisme des parlementaires et le respect de la discipline partisane.
Cela rappelle aussi la difficulté qu’ont les partis, majorité et opposition confondues, pour imposer la discipline dans leurs rangs. Car à eux seuls, ces partis totalisent 293 députés sur un total de 395.
«Abdellatif Ouahbi avait sévi il y a quelques mois contre certains parlementaires absentéistes, mais cela n’a pas été apprécié par ses élus», explique un membre dirigeant du Parti authenticité et modernité (PAM).
Quand les «sénateurs» font légèrement mieux
Le 6 décembre dans la soirée, c’était au tour de la Chambre des conseillers d’adopter le PLF 2024. Et les «sénateurs» ont montré un peu plus d’assiduité que les députés puisque le texte a été voté par 45 voix pour, 13 voix contre et 6 abstentions, soit un total de 64 conseillers sur 120.
Adopté par les deux chambres, avec la priorité pour la Chambre des représentants, qui tranche en dernier lieu et en deuxième lecture, le PLF 2024 devra être transmis à la Cour constitutionnelle pour vérifier sa conformité avec la loi suprême, avant d’être promulgué au Bulletin officiel pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2024.
Cette cour, pour rappel, a été restructurée avec la nomination de nouveaux membres et d’un nouveau président.