En visite aux Émirats Arabes Unis, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a, lors d’une conférence de presse, exprimé son souhait de consolider les relations «très positives» qu’entretient son pays avec le Maroc.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 4 février, que Sanchez a précisé: «Nous avons toujours considéré le Maroc comme un allié stratégique dans plusieurs domaines comme l’immigration, le développement économique et la sécurité». D’autant plus, ajoute-t-il, qu’à travers l’Espagne, le Maroc est devenu un important allié de l’Union européenne. Cette déclaration du chef du gouvernement à partir des EAU survient après une campagne effrénée menée par l’extrême droite contre le royaume sur les dossiers du Sahara marocain, de Sebta et de Mellila.
L’agence «Europa Press» considère toutefois la déclaration de Pedro Sanchez comme une nouvelle initiative de rapprochement avec le royaume alaouite après que la main tendue du roi Felipe VI n’a pas réussi à assouplir la position de Rabat. Les autorités marocaines ont toujours insisté pour que l’Espagne affiche plus de «clarté» en ce qui concerne sa position sur le Sahara marocain.
En clair, le royaume demande au gouvernement espagnol de reconnaitre la marocanité de son ancienne colonie. Sauf que le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, continue à cultiver l’ambiguïté en affirmant que l’Espagne demeure attachée à ses engagements en prônant une solution politique acceptée par les «deux parties» dans le cadre des Nations Unies. Et d’ajouter, avec une pointe de cynisme: «Il faut trouver une solution à un conflit qui a duré des décennies… Au lieu de le geler, on l’a oublié».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte qu’Albares a fait cette déclaration après que la presse d’extrême droite a multiplié ses sorties fracassantes dans le but d’envenimer la crise entre le Maroc et l’Espagne. Le journal Okdiaro a confirmé, sans faire de recoupement, les informations indiquant que le Maroc a réduit son personnel diplomatique à Madrid. Se basant sur ces données aléatoires, les chroniqueurs de l’extrême droite s’en sont donnés à cœur joie pour transformer le contentieux entre les deux pays en menace, en commençant par le Sahara qu’ils ont comparé à la crise en Ukraine.
C’est ainsi que Carmen Camacho a poussé l’effronterie jusqu’à dire: «Est-ce qu’on peut imaginer qu’un État puisse se déployer sur un territoire qui ne lui appartient pas? Admettons que je parle de la Russie dans le cas de l’Ukraine et du Maroc en 1975 en ce qui concerne la Sahara occidental. Il est clair que l’ordre mondial dénoncera tout État qui trace ses frontières par la force des armes».
L’expert Éduard Soler s’est penché sur la situation des deux présides marocains occupés, Sebta et Mellilia, qui connaissent une asphyxie économique depuis la fermeture des frontières par le Maroc. Pour lui, le royaume cherche à ce que ces deux villes occupées deviennent un problème pour l’Espagne qui la contraindra à poser ce sujet sur la table des discussions.
Mais Éduard Soler, comme tous les nostalgiques de l’empire colonial, a fini par dire ce qu’il pensait: «L’Espagne ne discutera pas de sujets que les Marocains veulent lui imposer et nous n’en voulons pas non plus». Quant à Vox, le parti d’extrême droite espagnol, il ne s’est pas départi de ses propos menaçants envers le royaume en affirmant qu’il faut mettre fin à l’avancée du Maroc. Les dirigeants de ce parti évoquent la construction des fermes piscicoles au large des îles Canaries et accusent le Maroc de faire chanter financièrement l’Espagne.