Le PJD est dans une situation grave. Si grave qu’un de ses ténors appelle les citoyens à ne pas voter pour le parti aux prochaines élections. Celui qui votera encore une fois pour le PJD ne pourra qu'être atteint d’amnésie, ou d’une sorte d’Alzheimer politique, soutient le député Al Mouqrie El Idrissi Abouzaid, cité par le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 15 février.
Pour ce ténor du parti et l’un de ses porte-étendard les plus connus, aussi bien au niveau national qu’international, le PJD et ses dirigeants ont failli à leurs engagements envers les électeurs et les Marocains en général. Ils se sont retournés contre leurs principes et leurs engagements dès qu’ils ont commencé à occuper les postes à responsabilité. En réalité, ce qui met hors de lui ce tribun connu pour ses prises de position tranchées, c’est le fait que le PJD ait accepté que la langue française ait une place de choix dans la nouvelle réforme de l’enseignement et que le Maroc ait décidé de reprendre ses relations avec l’Etat d’Israël. Il s"agit, d’après lui, de péchés capitaux que le parti islamiste ne se fera jamais pardonner.
Pour le député d’El Jadida, c’est suffisant pour condamner le PJD sur toute la ligne. Le parti, insiste-t-il, n’a jamais cessé, depuis sa création, de faire de la défense de la langue arabe la première de ses priorités. Aujourd’hui, avec l’adoption de la loi-cadre relative à la réforme de l’enseignement, le PJD tourne le dos à cette langue. C'est le cas également pour l’une des autres causes pour lesquelles le parti a milité dès ses premiers jours, à savoir la cause palestinienne. Aujourd’hui, insiste le député islamiste, le PJD vient de trahir cette cause avec la signature, par son secrétaire général, de la déclaration conjointe annonçant la reprise des relations maroco-israéliennes.
Après cela, les Marocains diront tout simplement et à forte raison, souligne Abouzaid, que le PJD instrumentalise ces deux causes à des fins électorales. Il en fait ainsi son fonds de commerce. Mias il aura beau s'inventer toutes les excuses possibles, il n’arrivera plus jamais à convaincre, de nouveau, ses électeurs. Dans sa lancée, le député n’a pas épargné non plus certains dirigeants de son parti, qu’il a nommément cités. Aziz Rebbah, ministre de l’Energie et des mines, a notamment été violemment critiqué pour avoir déclaré en public que, en tant que citoyen, il n’irait jamais en Israël, mais qu'il le ferait certainement en sa qualité de ministre.
D’une manière globale, le député d’El Jadida reproche à son propre parti de ne pas avoir tenu sa promesse de lutter contre le «fassad», (la prévarication, la corruption, le népotisme, les passe-droits...), qui, rappelle-t-il, constitue l’un de ses premiers engagements électoraux. Et ce après dix ans à la tête du gouvernement. Au contraire, ajoute-t-il, le parti a laissé faire. Le PJD avait, en effet, rappelle Al Akhbar, promis de combattre de le «fassad» dès sa campagne électorale de 2011. Peu après la victoire aux élections, son ancien secrétaire général avait déclaré: «Le passé est pardonné». Depuis, cette promesse de combattre le «fassad» est restée lettre morte.