PJD: Aftati renonce aux élections, mais pas à la politique

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Revue de presseKiosque360. Arrivé à la fin de son troisième mandat, le trublion député d’Oujda annonce son intention de ne plus se présenter aux élections. Déjà interdit de candidature au dernier scrutin du 4 septembre, Aftati devance un éventuel veto de la direction de son parti.

Le 15/07/2016 à 23h12

Abdelaziz Aftati, l’inénarrable député islamiste d’Oujda refait parler de lui. Il vient d’annoncer à cor et à cri sa décision de renoncer définitivement aux élections, mais pas à la politique. Nuance. C’est ce qu’affirme le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition des 16 et 17 juillet.

L’annonce a été faite via un communiqué largement relayé par les médias du parti et son site web sans oublier les réseaux sociaux où elle a été présentée comme un exploit et un exemple d’abnégation et de renoncement aux honneurs et aux autres privilèges des responsabilités électives.

Après trois mandats successifs, cet ancien professeur de chimie à Université d’Oujda compte désormais se consacrer, selon ce communiqué, à la lecture, à l’apprentissage, au militantisme de base et à l’encadrement des jeunes. Ce qu’il appelle un «redéploiement militant sur la scène politique».

Sa retraite électorale anticipée, Abdelaziz Aftati la justifie par des raisons objectives et d’autres beaucoup plus liées à son parcours de militant d’un mouvement de prédication et puis d’un parti islamiste. 

Cependant, cette décision est surtout perçue comme une anticipation d’un éventuel veto du secrétariat général contre la candidature de celui que tout le monde considère comme l’un des derniers faucons du parti, qui reste tout de même très apprécié par la jeunesse et les bases du PJD.

A noter qu’Aftati a déjà été interdit de candidature lors des dernières élections locales et régionales du 4 septembre. Bien plus, en mars dernier, une déclaration attribuée au chef de gouvernement lors d’une rencontre avec la presse avait souligné que Abdelaziz Aftati est désormais interdit de se présenter sous les couleurs du PJD aux prochaines législatives du 7 octobre. Bien plus, le secrétaire général est même allé jusqu’à évoquer une éventuelle responsabilité d’Aftati dans la dégringolade électorale du parti à Oujda lors des dernières élections.

Interrogé par le journal sur l’existence d’un éventuel veto de Benkirane qui mettrait fin à sa carrière parlementaire, Aftati assure que «ni Benkirane ni quiconque d’autre n’a le droit d’imposer ou rejeter tel ou tel candidat». Or, il se trouve justement que le Conseil national et le dernier congrès extraordinaire du parti ont donné leur feu vert au secrétaire général pour imposer tout candidat de son choix et opposer son veto à celui qui aura été choisi par la commission des candidatures. Mais cela est un autre sujet.

Abdelaziz Aftati est réputé, lui, pour ses sorties médiatiques tonitruantes, et tout aussi intempestives qu’impulsives, qui ont souvent fini par mettre dans l’embarras la direction de son parti. Il avait déjà créé la sensation au moment où il présidait l’Instance de l’intégrité et de la transparence, en convoquant Benkirane pour s’expliquer sur les soupçons concernant son patrimoine.

L’incident remonte à la période où certains médias avaient publié des documents du registre de commerce attestant que Benkirane continuait à diriger une imprimerie alors qu’il assumait depuis déjà longtemps les fonctions du chef du gouvernement.

Depuis, Aftati ne préside plus cette instance qui a été confiée à Mustapha Ramid. Pire encore, son parti a décidé de le suspendre de toute activité au sein du PJD après un déplacement inapproprié dans une zone militaire dans l’Oriental. La décision avait été prise lors d’une réunion urgente présidée par Abdelilah Benkirane.

Bien avant, Abdelaziz Aftati qui n’en est pas à une bourde près, a fait parler de lui pour la première fois en 2009, au lendemain des élections communales. C’était lors de l’élection du bureau de la commune où des altercations ont opposé des conseillers PJD et PAM. Noureddine Boubker, avocat et conseiller communal PJD, s’était fait agresser, Aftati n’a rien trouvé mieux que de saisir par écrit l’ambassade de France. Noureddine Boubker étant binational, Aftati voulait sensibiliser les autorités françaises sur son cas pour qu’elles lui apportent leur soutien. Une initiative qui a été considérée comme inadmissible. Le gouvernement de Abbas El Fassi a réagi sévèrement et fermement et le PJD a dû faire le dos rond. Quant à Aftati, il a été contraint à démissionner du secrétariat général.

Par Amyne Asmlal
Le 15/07/2016 à 23h12