Abdelilah Benkirane refuse de prendre publiquement position sur les tiraillements que connaît son parti, comme il refuse de renoncer à «son» troisième mandat puisque, dit-il, «telle est la volonté des frères», rapporte Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 30 octobre. Pourtant, rappelle le quotidien, Mustapha Ramid a demandé à Benkirane de mettre fin au débat sur l’amendement des statuts et d'annoncer publiquement sa renonciation à un troisième mandat.
Bien sûr, Benkirane a opposé une fin de non-recevoir aux injonctions de Ramid, ce qui a envenimé les relations entre les deux dirigeants. Ramid, qui a été particulièrement virulent lors d'une récente déclaration médiatique, va aujourd'hui jusqu'à menacer de démissionner si Abdelilah Benkirane venait à rempiler pour un nouveau mandat.
Comme il fallait s’y attendre, les partisans du secrétaire général du PJD n’ont pas tardé à lui répondre.Ainsi, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 30 octobre, Amina Maelainine et Abdelali Hamieddine affirment, en réaction aux propos de Ramid, de Rebbah et des membres de la direction du MUR, que «Benkirane est un chef charismatique irremplaçable». Et, alors que Hamieddine déclare aussi légale que démocratique la décision de la commission des statuts, relevant du Conseil national, de revoir les articles 16 et 37, sa collègue, pour sa part, encourage Benkirane à faire une tournée dans le pays, à tenir des meeting et à confirmer sa popularité pour appeler les militants à soutenir sa candidature à sa propre succession.
D’ailleurs, affirme le quotidien Al Akhbar dans son édition du même jour, Benkirane a entrepris de tenir, à son domicile, des réunions avec des militants et des cadres de différentes régions, dans le cadre d’une campagne de mobilisation et de recrutement de partisans au sein des sections locales du parti. Ainsi, des dizaines de sympathisants viennent régulièrement de lointaines contrées pour «rendre visite» au secrétaire général, sans manquer, avant de repartir, de poser pour les photos de promotion destinées aux réseaux sociaux. Mais «c’est là un mauvais stratagème qui ne pourra aucunement tordre le bras aux institutions pour imposer un fait accompli», affirme un parlementaire du PJD cité par le quotidien.
Pourtant, rappelle Al Ahdath Al Maghribia, ce stratagème lui avait bien réussi lorsqu’il était chef de gouvernement. En effet, souligne le journal, à chaque fois qu’il prenait une décision particulièrement impopulaire, Benkirane organisait des rencontres, à son domicile, avec «des militants et sympathisants du PJD». Les photos de ces visites étaient, de même, publiées sur les réseaux sociaux pour confirmer sa «légitimité populaire» et déstabiliser ses détracteurs.
Le journal, qui tente de comprendre les scissions que connaît aujourd'hui le PJD, souligne que, contrairement à son prédecesseur, Sâad-Eddine El Othmani bénéficie de la confiance du toi. Les efforts et l’action du nouveau gouvernement ont d’ailleurs été salués par le souverain. En rempilant pour un troisième mandat, à la tête d'un parti qui dirige, de plus, nombre de grandes villes, Benkirane espère peut-être redorer son blason.