Le fossé se creuse de jour en jour entre l’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, et la nouvelle direction du parti. L’ancien patron du PJD qui, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du 29 janvier, n’a pas hésité à recevoir, chez lui, une délégation de la jeunesse, a ainsi évité une rencontre organisée par cette même jeunesse, autour de la question des droits de l’Homme, pour ne pas avoir à y croiser l’actuel secrétaire général, Saâd-Eddine El Othmani, et le ministre d’Etat, Mustapha Ramid.
Pourtant, affirme le journal, les jeunes du parti avaient annoncé la présence de Benkirane aux côtés des deux dirigeants PJDistes. Et c’est finalement le chauffeur privé de l’ancien chef du gouvernement qui a fait part, sur son compte Facebook, de l’intention de ce dernier de ne pas assister à cette manifestation.
D'après des sources citées par le journal, Benkirane aurait agi ainsi en réponse au comportement du secrétariat général qui se serait, à plusieurs reprises, opposé à sa participation aux rencontres et manifestations officielles organisées par les différentes instances du parti. Pour justifier sa décision, la direction du PJD affirme que Benkirane n’a plus aucun statut pour prétendre à la participation aux activités officielles du parti et que, selon les usages consacrés, c’est au secrétaire général de prendre part aux cérémonies d’ouverture de ces manifestations.
Bien sûr, la jeunesse du parti, l’une des instances restées fidèles à l’ancien secrétaire général, a trouvé une astuce pour contrer ces nouvelles directives. En faisant de lui l’invité d’honneur d’une récente rencontre, le jeunesse a récemment offert une tribune de choix à l’ancien patron du PJD.
Selon le journal, réputé proche de Benkirane, cette polémique sur la place que doit désormais occuper l’ancien secrétaire général au sein de la formation islamiste est justement une preuve «de sa popularité parmi la jeunesse du parti et surtout du grand vide qu’il a laissé après son départ». De même, ce débat, affirme le journal, renseigne sur l’existence, parmi les partisans d’El Othmani, d’un clan qui estime que Benkirane fait désormais partie d’un passé révolu et d’un autre qui pense que la «parenthèse El Othmani» doit être fermée le plus rapidement possible pour permettre à l’ancien patron de revenir aux commandes.
Tout en essayant de garder une distance respectable avec la direction du parti, Benkirane veille cependant à y rester présent, note Akhbar Al Yaoum. Et d'ajouter que l'ancien secrétaire général du PJD n’a toujours pas reçu, chez lui, la nouvelle direction du parti, bien que celle-ci en ait fait la demande à la fin du dernier congrès. Par ailleurs, Benkirane n’a pas assisté à la réception offerte par le PJD au dirigeant palestinien du Hamas, lors de sa récente visite au Maroc, préférant le recevoir à son domicile.